Du Thrash, du vrai ? C’est ici !

Haâa, ça mouline, ça cisaille avec un scalpel usagé mais parfaitement efficace. Du rentre dedans sans chichi ni strapontin : que du condensé de riffs implacables et faisant mouche dès la première écoute. Point d’originalité si ce n’est cette ambiance malsaine qui plane en permanence… Ouais, c’est un excellent cru et son millésime se doit d’être porté à vos papilles auditives avec toute la déférence dédiée à ce mouvement éternellement vivant et tenace (n’en déplaise aux détracteurs du Thrash, je les conspue, avec courtoisie, évidemment…).

Disséqué en trois chapitres, ce "Possessed 13" est admirable. Personnellement, je n’entends pas de différence flagrante entre ces trois parties. Ce que vous devez comprendre, c’est plutôt le fait que cet album fonctionne, malgré le côté « old school » pas forcément attractif pour les novices.

Ce pourrait être la bande son de courts-métrages gores et horrifiques. Pourtant, les vrais amateurs de Thrash ne s’y tromperont pas : c’est avant tout d’efficacité et de tranchants incisifs crasseux dont il est question dans cet album. Saluons au passage le retour du chanteur originel, Johan Lindstrand, qui officie avec circonspection et jusqu’auboutisme bien senti dans le genre. Personnellement, j’adorais la prestation de Thomas Lindberg (AT THE GATES) dans l’album précédent, "Crowned In Terror". Mais bon, ici, Johan arrive à nous motiver à sa façon et délivre un potentiel enfin libéré : chant irréprochable et rythmiques plus soignées (moins urgentistes).

Entre vieux riffs ré-exploités et constructions novatrices, THE CROWN peut se venter de donner de sa personne dans le respect de la tradition. Du Thrash sans originalité, certes, mais qu’est-ce que c’est bien rendu ! "Possessed 13" est un concept basé sur le chiffre… 13 ! Et dans la version digipack, un double CD montrait la provenance de certains riffs datant de Mathusalem sur 13 autres titres. Là, c’est jubilatoire d’ouïr l’évolution musicale. Allez, amateurs du phénomène : ruez-vous sur l’artéfact et nourrissez votre soif thrashienne ! C’est un album plus que salutaire dans le genre.

"Bow To None" a quelque chose d’intemporel. C’est incroyable comme ce titre sort du lot. Le riff onirique de "Dawn Of Emptiness" est captivant et le Thrash nous montre ainsi une facette plus accrocheuse que d’habitude avec cette intensité incroyable qui nous hypnotise, littéralement. Grand, vraiment.

Les instrumentales sont véritablement enchanteresses. A l’antipode d’un Thrash classique, elles évoquent plutôt un sentiment d’introspection. Bizarre car, en général, notre thrashounet de mouvement nous précipite plutôt dans les turpitudes du hochement facial !

Les Suédois nous ont livré une galette suffisamment puissante pour rester sur notre lecteur CD plusieurs fois d’affilé. A nous de reconnaître les qualités d’un album, certes imparfait, mais qui veut être dans la lignée des grands.

Groupe de seconde zone qui aurait dû percer le panthéon. Il manque juste un brin d’innovation. En attendant, on s’en fout puisque le rendu, brut de décoffrage, déménage dès les premières secondes ! Allez donc lorgner dessus…

Bonsoir !