SERENITY fait partie de ces formations talentueuses qui tentent avec les moyens du bord de faire la meilleure musique possible, et ce en dépit des obligations du quotidien. On ne le dira jamais assez, mais faire du Metal, que ce soit en studio ou sur scène, réclame une passion et une motivation sans faille. Car rares sont ceux qui peuvent actuellement en vivre. Ces groupes qui nous font rêver, vibrer sur scène, doivent la plupart du temps bosser en parallèle pour joindre les deux bouts et entretenir leur passion avec l'espoir de cartonner un jour et d'atteindre le moment de gloire qui leur permettrait de profiter un peu du fruit de leur labeur. Quand le trio Buchberger/Neuhauser/Hirzinger décide de monter un groupe de Metal Symphonique, il le fait avec tout le sérieux et la passion possibles et ce en dépit d'une large exposition médiatique qui peinera à se manifester, à l'instar d'un KAMELOT par exemple, qui à force de talent et de patience et après quatre albums, s'est imposé comme une figure majeure pendant quelques années.

Et ce qu'on peut dire, c'est que la formation américaine a inspiré les jeunes Tyroliens qui vont s'employer à composer un album en accord avec leurs goûts musicaux. Mettant les moyens sur la production, suite à sa signature chez Napalm Records, obtenue on se doute par le biais de la démo "Engraved Within", en faisant appel à Jan Vacik, claviériste de DREAMSCAPE à l'époque (et futur SERIOUS BLACK) à qui il restera fidèle, SERENITY se donne les moyens de ses ambitions dès le départ. Il appelle en renfort Lanvall, son compatriote d'EDENBRIDGE, qui en compagnie de VISIONS OF ATLANTIS a partiellement défriché le terrain de la scène autrichienne.

Les compositions, très arrangées, et faisant la part belle au clavier et aux harmonies vocales, doivent être vues comme les composantes d'un terreau. Même si le sens de la composition de SERENITY est déjà bien affûté et sa maîtrise technique évidente, les idées, bien que structurées, peinent à séduire totalement, même si de toute évidence, le vocaliste Georg Neuhauser est un client sérieux dont les qualités de timbre suscitent des comparaisons plus que flatteuses. Il m'évoque un étrange croisement entre le Roy Khan de l'époque "The Fourth Legacy"/"Karma" et Tony Kakko pour le timbre. C'est particulièrement flagrant sur la pièce finale "Thriven", et Georg Neuhauser apparaît déjà comme l'un des atouts de SERENITY.

Si KAMELOT a vraisemblablement plus qu'influencé SERENITY, les Autrichiens se distinguent par une approche plus symphonique, et des relents proggy plus assumés. Même si ce premier album ne peut prétendre briguer les sommets, il est plaisant, les quelques petites interventions de chant growlé sont bien mesurées et l'équilibre entre riffs et couches de clavier est digeste. Même si tout cela manque encore pour le moment d'accroche, on ne peut qu'être satisfait de ce premier opus qui montre des aptitudes supérieures à la plupart de ses compatriotes (on est déjà bien au-dessus des meilleurs VISIONS OF ATLANTIS par exemple). "Fallen Sanctuary" sera l'album idéal pour s'en assurer.