C’est de mieux en mieux !
Sans ironie aucune, c’est de cette façon que l’on peut qualifier la progression d’AQME depuis ses débuts.

Le groupe ne cesse de nous surprendre depuis qu’il a abandonné son côté groupe pour ado, il officie tel un groupe de Metal mature et étonnamment brutal pour le style exercé. Ce skeud, est celui qui regroupe le plus d’influences et en même temps offre une palette de compos toutes plus riches les unes que les autres. AQME s’est adapté à la tendance Metalcore depuis quelques années mais sur cette galette, c’est pour quelque chose de beaucoup plus complexe que la formation a opté.

On passe du Postcore poisseux à la NEUROSIS (époque "Enemy Of The Sun") sur "Luxe Assassin", "Adieu !" ou "L’Empire Des Jours Semblables", à du Death Mélo style ARCH ENEMY sur "Idiologie" et "Marketing Armageddon", tandis que sur "La Dialectique Des Possédés" on se rapproche très près du Black Metal avec ces blasts effrayants, ces riffs puissants et ces hurlements profonds. Seul "My English Is Pretty Bad" est une prestation de Metalcore. On retrouve en plus Stéphane Buriez de LOUDBLAST et Junior de DARKNESS DYNAMITE, venus pousser la chansonnette en compagnie de Koma. Ce titre au riffing spécial, que MESHUGGAH n’aurait pourtant sûrement pas renié, est complètement déstructuré, et les deux guests avec leur puissance de growl font passer Koma pour un clown. Ce dernier est pourtant irréprochable depuis le début de l’album. Le chant, qui a toujours été un problème chez AQME est, sur l’ensemble de ce skeud, parfaitement maîtrisé. Enfin Koma a réussi à allier technique, puissance et rage : ce trio colle d'ailleurs parfaitement à la musique complexifiée par les riffs percutants et innovants de Julien.

Au milieu de l'album "Plus Tard Vs Trop Tard" vient offrir un moment d’accalmie au milieu de ce déferlement de hurlements et de riffs agressifs. Mais on ne verse pas pour autant dans la Pop bon marché qui venait souvent nous aguicher chez AQME, non ici on est plutôt face à un titre qui aurait très bien eu sa place sur "En L’Honneur De Jupiter". Le rythme est plus mid-tempo, une ambiance mélancolique vient enrober l’ensemble du titre, le chant clair/growl alterné refait surface pour la première fois sur ce skeud et un soli surprenant (on a toujours pas l’habitude d’en trouver chez AQME) et plein de feeling vient se greffer sur le final.
On pourrait aussi classer dans la même catégorie le dernier titre "110.587" qui clôture cette galette, mais il officie clairement dans une autre catégorie. Pour simplifier on va le caser dans du Postcore, atmosphérique et surtout très Progressif. L’intro, très calme permet de poser les bases d’une ambiance très froide et planante qui va s’étaler sur tout le titre au fur et à mesure que Koma intensifiera son chant et sa hargne. Le break, ramène de façon majestueuse, cet orgue discret pour amener le final qui est simplement grandiose tellement il transpire de noirceur et de négativisme.

Et enfin parlons du point faible d’AQME, qui finalement n’en n’est plus un. Et oui les textes sont enfin à la hauteur de la musique du groupe ! Ce sont même les meilleurs de toute la carrière de Koma pour l’instant, leur côté ésotérique s’accorde parfaitement avec cet ensemble de noirceur, ce côté désabusé et brutal qui forme l’ambiance musicale du disque.

C’est après ce skeud que Koma se retirera d’AQME. Et putain ! Quel départ en fanfare, c’est un sans-faute pour lui et pour le groupe. Cet album est LA plus belle prestation d’AQME en termes de travail et d’inspiration, c’est un véritable travail d’orfèvre. Cependant il reste très difficile d’accès et à comparer, son successeur sera plus adapté pour découvrir la force de composition du groupe et par conséquent deviendra en 2014 la meilleure façon de découvrir le taf de AQME.

Mais ce "Épithète, dominion, Épitaphe" restera tout de même une énorme pièce de la discographie du groupe, seulement ce n’est pas le genre de disque que l’on écoute à n’importe quel instant, il faut un contexte bien particulier pour le sortir de son boîtier, à l’image d’un bijou que l’on ne sort que lors des grandes occasions.