Après l’échec total que fut "La Fin Des Temps" AQME relève la tête avec "Hérésie".

Que de changements ! On a quitté le groupe sur un Rock propret gentillet, qui lui valut de s’attirer les foudres de nombreux metalleux, et on le retrouve 3 ans plus tard avec quelque chose de tellement plus burné !

Accrochez-vous car en plus de renouer avec ses origines, le groupe se pare d’un grain et d’une saturation monstre. La basse possède ici un son colossal, lorsque l’on écoute cet album au casque chaque note jouée par Charlotte vous décolle les organes. À cela s’ajoute également un groove efficace, en témoigne "Un Goût Amer", et une puissance rare. Même si le titre éponyme qui sert d’intro, avec ses notes atmosphériques et son ambiance Post-Rock peuvent semer le doute, "Uniformes" est là pour confirmer mes dires. Sur ce skeud, même Koma a choisi son camp est privilégie le growl au chant clair. Le must, dans ce style, étant tout de même "Casser/Détruire" avec son intro très typée Hardcore, à égalité avec "312" où Koma s’arrache les cordes vocales comme jamais sur le refrain.

Même "Karma & Nicotine" qui se veut beaucoup plus gentil est, à ma grande surprise, convaincant. Peut-être est-ce dû au gros son toujours présent en arrière-plan, ou à la ligne de chant tellement simple et pourtant si entêtante ? Je sais pas, mais malgré son côté plus Pop il passe tout de même très très bien !

Musicalement sur ce skeud il n’y a rien à dire, c’est bien foutu, ça donne la patate et certains morceaux ont vraiment été créés pour que l’on se démette les cervicales ! Je pense à "Uniformes", le très pesant "Lourd Sacrifice" et le limite noisy "Un Goût Amer". Mais j’ai tout de même une préférence pour la première partie de l’album, car à partir de "En Saga Om Livet" on retrouve dans les textes les travers d’AQME. Et c’est dommage, on sent que le groupe est en train de mûrir musicalement et textuellement, exemple avec "A.M : Un Jour De Pluie", un titre plutôt minimaliste qui traite de la souffrance de manière beaucoup plus adulte et crédible que d’habitude. L’alternance entre chant clair et hurlement, entre notes de guitare simplistes et gros riffs appuyés, illustre très bien les paroles qui évoquent la folie, l’obsession voire la psychose.

Et à côté de ça on retrouve encore des perles telles que « Cette souffrance a déjà un nom, elle s'appelle vie » dans "En Saga Om Livet". Voilà, comment ruiner tout ce qui a été réalisé avant…
AQME c’est AQME ce côté ado mal dans sa peau, ils l’ont toujours eu mais là ça ne peut plus vraiment coller avec ce qu’ils font. C’est comme si le groupe souffrait du syndrome de Peter Pan et refusait de grandir alors qu’il a pourtant dépassé le stade d’ado en colère.
Ce sont donc les textes qui font perdre le plus de points à la formation sur cet opus, à cause des tournures maladroites de collégiens et les textes relous à la "Triskaïdékaphobie", où des « Vendredi 13 » sont balancés les uns à la suite des autres beaucoup trop de fois à mon goût.

Mais on ne va pas cracher dans la soupe, le groupe est en pleine évolution et ça sent bon. Encore quelques petits efforts et on devrait atteindre quelque chose de pas mal, quelque chose de plus adulte qui colle mieux à la personnalité qu’est en train d’adopter AQME.
Quoiqu’il en soit, cet opus passe comme une lettre à la poste et ravira les fans qui seront également heureux de voir que la formation est toujours belle et bien vivante !