2006 : EDGUY nous offre le titre "Fucking With Fire (Hair Force One)", la première de ses nombreuses futures déclarations d'amour au Hard Rock 80's.
2014 : LORDI nous revient avec son septième album, "Scare Force One".

Heureusement, dans le Heavy, il y a des constantes et des certitudes. Celle que l'amour du jeu de mot pourri l'emportera toujours au moment de rechercher un titre de morceau ou d'album. Celle que, face à une bande de monstres masqués et portant des costumes élaborés, n'importe quel homme d'affaire aguerri redeviendra un gamin aux yeux écarquillés. Celle, enfin, que LORDI a définitivement (espérons-le) fini de nous décevoir. Car, si après la flamboyance Eurovision la deuxième moitié des années 2000 s'est faite plus difficile pour les ogres finlandais, "To Beast Or Not to Beast", paru en 2013, a redonné le sourire à tous les amateurs du groupe.

Un an après, il semble audacieux pour LORDI de prétendre faire aussi bien que cet album du retour. Forcément, 18 mois à peine séparant cette nouvelle sortie de son prédécesseur, les communiquants sortent le champ lexical de l'innovation pour nous présenter un groupe qui, loin de se reposer sur ses acquis, cherche à repousser les limites de sa musiques, expérimente, évolue vers un Hard/Heavy plus abouti et mieux calibré. Foutaises. "Scare Force One", c'est "To Beast Or Not To Beast" en plus fun, et une influence U.D.O. encore renforcée. Les premiers titres, naturellement, plantent le décor. Après une introduction aérienne, LORDI voit grand avec un morceau-titre grandiloquent et au riff très agressif, qui se voit porté par un refrain fédérateur qui nous emmène dans l'univers horrifico-déjanté du quintet. Tout en progression, ce premier titre tranche avec un "How To Slice A Whore" aussi léger que son titre est délicat. Pas de quartier, un riff rouleau-compresseur et des vocalises rocailleuses nous accueillent et nous font faire le tour du propriétaire d'une boucherie des horreurs, ou de l'antre d'un psychopathe à la frénésie meurtrière.

Comme si LORDI avait besoin de confirmer sa bonne forme après une période un peu difficile, le groupe tend parfois à sacrifier la mélodie au profit d'une efficacité rythmique, comme sur le titre précité. D'autres, à l'image du single "Nailed By The Hammer Of Frankenstein", dont l'enthousiasme et le refrain ne peuvent que provoquer l'adhésion immédiate la musique des monstres, mêlent les deux avec une réussite insolente. C'est là que le U.D.O. power entre en jeu. L'aura du gnome teuton s'épanche en effet, encore plus que pour les albums précédents, sur les compositions de Mr Lordi, tant et si bien que l'on imagine bien "Hell Sent In The Clowns" et son refrain Hard Rock immédiat ou "She's A Deamon", 80's dans l'âme et doté d'un piano très présent, figurer dans le répertoire de l'ex-vocaliste d'ACCEPT.

En fait, LORDI fait le même job que d'habitude, mais en mieux. Les structures des morceaux, les soli, les mélodies, sont d'une efficacité redoutable, tout en étant plus recherchés que le tubesque mais somme toute pataud "Hard Rock Hallelujah" qui résume pour beaucoup l'identité du groupe. La modernité, si elle se retrouve dans la sonorité des claviers, reste néanmoins discrète derrière des gros riffs qui fleurent bon le Hard/Heavy 80's. Tout autant, voire plus, que "To Beast Or Not to Beast", "Scare Force One" enfile les perles sans faillir. Pas forcément un album-référence dans le style, mais un opus chaudement recommandable dans la discographie des Scandinaves masqués, c'est une certitude.