VOYAGER agit sur moi comme la bière ou le vin sur un alcoolique : il m'attire dans son univers et me délecte, m'enivre, pour m'y emprisonner. Il est archi difficile pour moi d'écouter autre chose quand un de ses disques repose sur ma platine. Que ce soit "The Meaning Of I", "I Am The ReVolution" et ce deuxième album des Australiens, je développe une forte dépendance à ce Metal Prog Mélodique aux saveurs popisantes, voire new wave. Ce qui interloque quand on a écouté "Element V", plus expérimental et Power/Prog Metal dans son essence...

"UniVers" est assez impressionnant pour un second disque et détonne vraiment d'avec "Element V". VOYAGER a trouvé sa voie. Bon, la prod' n'est pas au top, mais ferait pâlir d'envie bien des groupes vétérans, signe que le combo a toujours eu le souci de la qualité, tant dans le récipient que la substance. L'important ici est que nous entendions chaque inflexion de VOYAGER pour que son talent jaillisse.

La force de ce "UniVers" réside non pas dans cette affreuse pochette, mais dans la valeur des mélodies et des refrains. Je l'ai déjà écrit à maintes reprises : VOYAGER est une micro industrie à fabriquer des tubes. Si les radios mainstream n'étaient pas aussi nazes, ce Metal bonbon pourrait facilement envahir les ondes et récolter une tonne d'acclamations. VOYAGER, c'est une souche musicale après l'autre qui pourrait devenir virale dans un monde qui voudrait de lui.

"UniVers" ne fait pas exception, car même si la formation n'en était qu'à son deuxième effort, le sextette roulait depuis huit ans avant de le sortir. On peut ainsi flairer, et entendre, une maturité évidente dans les compos, dont les thèmes (la vie dans tous ses mauvais éclats) rejoignent un vaste auditoire. Ces onze morceaux ont tous un petit quelque chose pour vous toucher, qu'ils soient directs et bâtis comme un succès pop ("Everwaiting", "Cross The Line") ou qu'ils tentent de vous faire larmoyer en vous baladant ("Falling" et "One More Time" sont particulièrement jolies).

Je ne peux m'empêcher de ressentir une touche de nostalgie dans ces ambiances kitsch au clavier, ces grattes pas trop aiguisées mais précises, cette batterie doucereuse et cette voix unique de Daniel Estrin. Grand fan de musique des années 80, je considère VOYAGER tel un vecteur nous y ramenant par la porte de service, avec les moyens d'aujourd'hui et une certaine lourdeur, Metal oblige. C'est sans doute pour cela qu'il me plaît autant. Ça et sa simplicité et son aisance à nous distraire avec des canevas hyper connus.

Ceux et celles qui suivent le groupe depuis ses débuts auront remarqué son évolution magistrale. Les autres qui y seront allés en ordre décroissant comme moi auront sûrement été bluffés par le peu d'écart entre cet album issu de l'an 2007 et les deux autres, nés en 2009 et 2011. Ce trio semble indissociable, car coulé dans le même moule aurifère. On perçoit la gradation et les gènes sont au garde-à-vous. "Element V" possédait aussi un charme fou, mais tranchait... comme bien des skeuds initiaux.

Bien sûr, "UniVers" est « entaché » des clichés des premiers albums ; on doit tenir compte qu'il pue l'innocence et la rose, même si les Australiens haussent le ton de temps en temps ("White Shadow"). Ça demeure du Prog Mélo très accessible, plus encore que leurs deux albums qui suivront. J'aurais aimé me faire mener plus en bateau, que ce soit grâce à des bridges, des intros atmos ou quelques expérimentations. VOYAGER y pensera dans un futur assez rapproché, signe qu'il s'occupe de ses affaires.

Note : 3,5/5, soit un demi-point de moins que "I Am The ReVolution" et un de moins que le splendide "The Meaning Of I". Ça me semble assez logique et représentatif de l'ascension des Australiens.

Podium : (or) "One More Time", (argent) "What I Need" et (bronze) "Sober".