La machine à tubes australienne VOYAGER est un des groupes Prog à tendance Power que j'ai découverts ces dernières années que j'apprécie le plus. "The Meaning Of I" tourne régulièrement sur ma platine et s'est presque mérité la note parfaite grâce à une tornade de hits aussi accrocheurs que variés, des balades bien senties et des refrains ravageurs. Ce quatrième album était si bon que je me demandais bien d'où venait cette réussite assez précoce. Eh bien, en écoutant "I Am The ReVolution", on saisit assez rapidement.

Les Australiens ont effectué un bond de géant entre leur deuxième album et celui-ci. Le premier changement est le son cristallin qui fait passer VOYAGER dans la cour des grands. À côté, "UniVers" sonne comme une vieille bande. Ensuite, les compos sont mieux construites, mieux rendues, plus résistantes, bien que le talent mélodique du groupe n'ait jamais été mis en cause. Bref, "I Am The ReVolution" est un album moderne, savamment produit et bourré jusqu'à la gueule de faits saillants.

Il constitue surtout les racines qui donneront "The Meaning Of I". Incidemment, "The Meaning Of I" est une suite logique de ce troisième disque, car il est coulé dans le même moule et contient les mêmes boulets de canon progressifs absolument irrésistibles. C'est comme si "I Am The ReVolution" était le petit frère argenté de "The Meaning Of I", qui lui, est trempé dans l'or le plus pur. Voilà pour les liens de parenté.

Qu'en est-il du contenu qui me rend si enthousiaste ? Eh bien, chaque morceau passe comme une lettre à la poste en raison du jeu fluide et inspiré du groupe, qui sait quand alourdir le ton, mais qui demeure avant tout guidé par un sens farouche de la mélodie-harpon, du refrain popisant et des atmosphères à cheval entre la New Wave, le Metal Indus et les envolées classiques du Metal Prog. Le résultat est juste parfait, que VOYAGER s'énerve ou nous force à nous rapprocher pour danser sur ses power-balades. Les guitares bien aiguisées, trempées dans le Metal gentillet, et les sonorités du synthé, nous transportent dans un univers cotonneux et unificateur, dans lequel le chanteur à la voix unique Daniel Estrin règne en maître.

Toues les pièces sur cet album de 54 minutes jamais longues ont un petit quelque chose pour plaire, VOYAGER étant l'efficacité incarnée. Le premier extrait, "Lost", a été judicieusement choisi, car il représente ce que les Australiens font de mieux en alternant les tempi et ambiances et l'autre extrait, "The Devil In Me", livre un refrain qui fait mouche. Idem pour "Total Existence Failure" et "Straight To The Other Side" et la pièce-titre qui laisse une forte impression en conclusion du disque. Les slows "Close Your Eyes" et "In My Arms" marquent aussi, bien qu'ils pourront aussi faire sourire... Un bien beau chapelet aux grains rondouillets et étincelants, une oeuvre non majeure mais obligatoire pour les fans de Prog.

Par souci de cohérence, je ne peux mettre plus que 4/5 à cette cuvée 2009, mais ce n'est vraiment pas un crime. "I Am The ReVolution" est un petit frère plein de potentiel au caractère fort et au grand cœur, mais il ne supplante pas son aîné au menton relevé. Peu importe la place qu'ils occupent dans la hiérarchie, ces deux skeuds pourraient aisément jouer à la radio et râteler des masses d'auditeurs de tout acabit. VOYAGER est ainsi attachant et ratoureux. Sa musique charme autant qu'elle divertit et ça, ça vaut tous les compliments du monde.

VOYAGER est d'ores et déjà un grand groupe, qu'on se le dise.