On le sait. Afin de tourner la page du DEVIN TOWNSEND PROJECT et de pouvoir s'atteler sereinement à ses autres projets, l'enfant terrible du Canada nous est revenu avec son sympathique "Epicloud" pour nous en mettre plein la vue tout en se soulageant l'esprit de ces mélodies pop-metal qui lui résonnaient dans les esgourdes. Jamais avare lorsqu'il s'agit de mettre la main à la pâte, le bonhomme nous insère donc dans l'édition digipack limitée de son dernier méfait, cette compilation d'inédits à l'état de démos, non-retenus pour figurer sur la galette d'origine. Alors qu'est-on en droit d'attendre de "Epiclouder" ? Plus d'épopées, plus de lourd ? En quatre mots : plus de gros pâté ?

Premier constat, et pas des moindres, pour de "simples" démos, le rendu sonore du tout reste néanmoins impressionnant. Tout au plus peut-on admettre que les arrangements ne sont pas tous aboutis, mais la qualité demeure au rendez-vous. Si bien que l'on en viendrait à se demander l'intérêt de sortir ces compositions sous forme de bonus, au lieu de s'accorder quelques mois supplémentaires pour les finaliser et en faire un "Epicloudest" ? Mais bon, ceci est une autre histoire ...

Un titre simili-country à la James Iha (ex-THE SMASHING PUMPKINS), deux autres qui auraient respectivement pu figurer sur "Addicted"/"Ki" (2009), le début de cette compil', relativement décousu, n'a rien de folichon. Il faudra attendre le rock'n'roll "Heatwave" (made-in Graceland) pour se voir rentrer dans le boogie et agiter frénétiquement ses petits bras musclés. La miss Van Giersbergen est toujours de la partie et même si le mixe ("They're demos … Whaddyawant ???") ne lui rend pas réellement justice elle parvient néanmoins à hisser quelques titres vers le haut par ses parties vocales amples et aériennes ("Happy Birthday", "Love Tonight"). Vous l'aurez compris cette première partie d'album bien que sympathique ne devrait pas non plus vous faire sauter au plafond.

En revanche, la seconde moitié possède les arguments nécessaires à vous fracasser la tronche contre le plancher, preuve en est avec ce gros pavé "Woah No !"/"Love And Mariage"/"Socialization" qui pourrait bien vous faire vomir vos tripes. Quand la machine TOWNSEND se met en branle, c'est pas pour bander mou ! Puissante, mélodique, dotée d'un solo bien heavy "Woah No !" justifie son nom à cette compil'. Topo similaire sur la psychotique et frénétique "Socialization" qui envoie elle aussi du gros lourd, pas si éloigner que cela d'un STRAPPING YOUNG LAD, si ma bonne dame ! "Love And Mariage", qui lie ces deux moments forts, se démarque aussi du lot, par sa construction crescendo. Là aussi un bon solo vient ponctuer le tout. Reste juste une autre ballade folk légèrement country, qui arrive un peu comme un cheveu dans la soupe, tant l'outro au piano de "Socialization" se suffisait à elle-même pour clôturer ce disque.

Bref. Quant au fait de savoir si cette collection de faces B est "plus mieux" que la galette principale, je dirais non, car trop hétérogène et de toute manière là n'est pas son rôle. Cependant, le DTP nous présente ici quelques nouveautés de son cru d'une telle qualité qu'ils rendent cette édition limitée indispensable pour tout fan du canadien, enfin, surtout pour ceux qui ne désirent pas passer pour des glandus.