Des cordes. Frottées, en plus ! Ainsi commence "Ritual", le cinquième album studio de The BLACK DAHLIA MURDER. Et ainsi s'achève-t-il. "A Shrine To Madness" et "Blood In The Ink", dans leurs intros tout en violons, tentent à leur manière, de prouver à l'auditeur que le quintette du Michigan continue d'évoluer, de progresser. De modifier sa formule, de l’enrichir encore. Sauf que rien n’est moins vrai. Au contraire, "Ritual" marque un sérieux coup d'arrêt à la progression des Américains. Et si l’artwork de ce disque n'était pas emballant, son contenu musical ne l’est pas plus.

Surtout, The BLACK DAHLIA MURDER n’a jamais donné autant l’impression de faire du sur place, et de tenter de cacher cette impression par des artifices, comme ces semblants d’orchestrations plutôt rudimentaires. Qui ne sont pas les seuls éléments de l’album à tenir du cache-misère… D’accord, le premier et l’ultime morceau de "Ritual" s'avèrent corrects, mais ils ne proposent, au fond, rien de plus qu’un Death Mélo plus suédois que jamais, quand le groupe nous avait habitué à bien mieux et bien plus varié et travaillé.

Preuve que le groupe nous fait le coup du rétroviseur, cette bizarrerie qu'est “Den Of The Picquerist”... Certes, The BLACK DAHLIA MURDER n’a jamais caché son background partiellement Hardcore, mais il l’avait si peu exploré jusqu’ici qu’on le croyait refoulé ! Eh bien dès les premières notes de basse et les premiers coups de double pédale, on est soudain plongé en plein territoire Hardcore, et même Deathcore sur les dernières secondes. Décidément, ce "Ritual" est bel et bien l'album du repli sur le passé pour TBDM.

Le subtilement Heavy "Moonlight Equilibrium", le puissant Death/Black de "Carbonized In Cruciform", le très Death tradi "On Stirring Seas Of Salted Blood", trois vrais bons titres, lèvent temporairement la sensation de stagnation qui nous saisit à l'écoute et à la réécoute de "Ritual". Mais rien à faire, un "Conspiring With The Dead", un "The Window" ou un "The Raven" ont tôt fait de nous replonger dans une impression de déjà-entendu. De très, très souvent entendu, même !

"Malenchantments Of The Necrosphere", "A Grave Robber's Work", "Great Burning Nullifier", eux, sont totalement dispensables, à l’auditeur lambda comme au fan. Car ils n’apportent rien de plus. Au moment de composer ce disque, c’est comme si le groupe n’avait pas eu l’inspiration habituelle et avait dû placer des chutes de studio pour compléter la tracklist de cet album… Pourtant, sept ou huit titres auraient été suffisants pour produire un album correct, voire bon (voire…). Là, cette cuvée 2011 est plutôt du genre éventé. Le "Ritual" évoqué dans le titre était-il un symbole du quintette tentant désespérément d’invoquer les forces occultes pour obtenir l’inspiration tant recherchée ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que celles-ci n’ont pas accédé à sa requête...