1998, une année beaucoup trop chargée pour moi. L’entrée dans le merveilleux monde du travail, deux coups de boule de zizou pour l’éternité, l’arrivée de l’iMac et de Google, la démocratisation de la musique digitale, n’en jetez plus. Autant de (fausses) raisons qui peuvent expliquer pourquoi je suis passé à côté de GODSMACK et de son Post Grunge bien particulier. Avec un artwork aussi iconique, je me demande encore comment j’ai fait. J’ai connu la pochette bien dix ans avant de jeter une oreille à la musique. Mais il n'est jamais trop tard pour bien faire.

Si les Bostoniens peuvent se targuer d’une riche carrière, tout commence ici, de manière maladroite, mais avec une telle dalle qu’ils ne pouvaient que tout bouffer. Du Grunge, on retrouve ce son de guitare un peu cradingue, et surtout ces lignes de chant harmonisées à la ALICE IN CHAINS, qui frisent le plagiat. Enfin pas toujours, prenez "Whatever", le premier tube d’une longue série pour eux. Fleurant bon le Neo Metal de l’époque, Robbie Merill fait claquer sa basse sur un beat aux petits oignons servi par l’ami Sully lui-même. Il y a bien du KORN là-dedans, impression renforcée par l’absence de véritable solo sur l’opus ("Now Or Never" enfonce le clou, en moins réussi à mon sens).

Mais ce qui différencie GODSMACK de ces références, c’est ce côté moins "prise de tête" que ses glorieux ancêtres. Beaucoup plus direct, plus franc du collier aussi, la formation américaine ne se complaît pas dans d’interminables jérémiades et assume une direction plus radiophonique qui leur convient bien. "Bad Religion" est un bel exemple de titre "in your face" qui fait du bien. Ce qui passera pour un manque de substance pour certains relève plus d’une volonté réelle pour moi, en réaction à un genre devenu trop nombriliste et plaintif avec le temps.

Et puis comment ne pas citer au tableau d’honneur "Voodoo", composition tribale et ô combien originale, qui vient clôturer la danse. Tout en conservant son identité grâce aux lignes vocales de son frontman, la chanson montre que le combo n’est définitivement pas fait du même bois que les autres et possède un potentiel tellement supérieur à un NICKELBACK pourtant collé à la va-vite dans la même case. Toujours se méfier des étiquettes surtout quand il n’y en a pas, comme me le disait un pote devant une bouteille de gnôle sortie de la cave de ses grands-parents.

Ce premier essai est malgré tout un peu daté dans sa production comme dans sa musique. Faute d’avoir peaufiné son songwriting, je trouve que ce premier opus a pris un petit coup de vieux, restant trop ancré dans cette époque (le petit trip Électro de "Time Bomb" n’a rien à foutre là, par exemple). Un poil longuet aussi, ce disque aurait mérité un petit coup de tondeuse sur un ou deux titres, cela n’aurait pas fait de mal ("Stress" ou "Someone In London" au hasard). Il n’empêche que, si je l’avais découvert à la fin du siècle dernier, j’aurais très probablement arrondi ma note à la hausse. Ça sera pour une autre fois sans aucun doute.

Note réelle : 3,5/5.