Que s'est-il passé dans le Black Metal depuis 2003 pour que l'on soit aujourd'hui incapable de reproduire des riffs comme ceux de "Majestas Leprosus"? Car non, et ça m'énerve de le dire, on en fait plus des comme ça. MUTIILATION, le cul dans sa chaise roulante, transportait ici le Black Metal à son point culminant en matière de puanteur (16 sur l'échelle de "Lulu"). Affublé d'une atmosphère cadavérique, ce quatrième album fait encore saigner les tympans et les narines avec son brouillard de riffs tout droit sorti de la décharge publique. Le son des guitares est donc caractéristique de la nouvelle orientation du groupe, abordée depuis la résurrection de 2001 sur "Black Millenium". Un style définitivement plus charnel, plus incisif, moins baroque peut-être mais tout aussi haineux dans la démarche.

Meyna'ch, en tant que chanteur Black Metal, est toujours très crédible dans son désespoir. Génie aux milles tourments, ses cris d'outre-tombe, beaucoup moins émotionnels que sur les deux premiers albums, nous troublent encore, et forment avec le jeu de guitares un merdier merveilleusement malsain. Introduit par un "Tormenting My Night" qui cale l'ambiance et les deux vitesses de l'album (alternance entre des rythmes pesants ou chaotiques), suivi par la fausse hymne "Destroy Your Life For Satan" et terminé par un fabuleux "If These Walls Could Speak" (des riffs qui font mal au cœur), "Majestas Leprosus" est l'album le plus caractéristique de MUTIILATION, mais étrangement le plus inimitable. Sans être dénué de fausses notes (une tendance certaine à s'embourber dans ses constructions branlantes, parfois les morceaux tapent sur le système au lieu de l'émouvoir), il s'agit d'un bel album de Black Metal, partie intégrante d'une œuvre dédiée à l'auto-destruction.
Un bon 3.5 sur 5.