Quiconque possède l'album présentement chroniqué pourra noter qu'en plus de la référence évidente à "The Shape Of Jazz To Come" d'Ornette COLEMAN, on peut trouver dans les photos de son livret un grand "Blue Train" de John COLTRANE en arrière-fond. En faut-il plus pour cataloguer suivant votre goût REFUSED de petits intellos prétentieux ou d'aventuriers défricheurs ? On peut similairement mentionner Greg Ginn de BLACK FLAG citait fièrement COLTRANE , Pharaoh SANDERS ou THE MAHAVISHNU ORCHESTRA à l'époque du free-punk de "The Process Of Weeding Out". Mais "The Shape Of Punk To Come" ne va pas si loin.

Car entre les interludes électroniques, les parties jazz de "The Deadly Rhythm", "The Shape Of Punk To Come" reste fondamentalement un album de Punk, brassant depuis le Post-Hardcore pré-FUGAZI(*) jusqu'au straight-up HxC d'un "The Refused Party Program". Un passage obligé dans la chronique semble être de mentionner le groove d'un RAGE AGAINST THE MACHINE qui se ressent dans les passages plus bondissants, je préfère vous name-dropper les MINUTEMEN et peut-être le début la carrière de leurs neveux NOMEANSNO dont j'ai brièvement bredouillé quelques mots ici.

De tous les instruments joints dans cet effort, le plus marquant est la batterie qui commande aux grooves ("Worm Of The Senses") et conduit les pistes de ses roulements impérieux ("Protest Song '68"), jusqu'au point culminant du disque : "Tanhäuser/Derivè"(**) qui dégonfle lentement sur sa conclusion grésillante qui m'éduque populairement sur les vertus libératrices du sabotage. Si je mentionne pour faire sérieux les longueurs de l'album et quelques pistes en-dessous ("Summerholidays...") ce que l'on peut le plus reprocher a posteriori à REFUSED c'est cette prophétie non réalisée qu'est le nom de cet album : "The Shape Of Punk To Come" ne fut pas la forme du Punk à venir. Ce bon mot n'est certes pas le mien, mais il faut croire que l'écoute répétée de "The Shape of Punk to Come" pousse à un certain irrespect vis-à-vis de la propriété privée. Toi aussi, lecteur, jette une pierre dans la machine – ou à défaut, rejoins-moi dans l'écoute assidue de REFUSED ce qui n'est pas certes pas grand chose mais toujours mieux que rien.

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(*)L'intro lo-fi de "Refused Are Fucking Dead" me rappelle celle de "Do You Like Me ?".
(**)Dont le lien avec l'opéra de WAGNER reste une énigme pour moi à ce jour. Mais je ne connais que dalle à Wagner donc si vous reconnaissez des emprunts dans la-dite piste manifestez-vous.