"Shogun", l’album de la confirmation, de la consécration et de la maturité pour TRIVIUM. Oui, tout ça à la fois, rien de moins. Après un premier essai prometteur mais trop imparfait, le second avait fait l’effet d’une bombe dont les déflagrations se font encore aujourd’hui sentir. Puis "The Crusade" était arrivé, tièdement accueilli du fait d’une rupture assez franche avec l’identité du groupe, basculant clairement vers du Thrash old-school. Ce quatrième LP vient démontrer qu’"Ascendancy" n’était pas qu’un coup de chance, tout en se montrant très différent, une fois de plus, de son illustre prédécesseur.

Cet album est un peu ce que "Youthanasia" est à "Rust In Peace", toutes proportions gardées. Les Floridiens, à l’instar de MEGADETH, ralentissent le tempo franchement en embrassant des rythmes plus Heavy, tout en se concentrant sur des mélodies. Je ne cesse d’ailleurs de m’émerveiller de l’inépuisable réserve en la matière. Imaginez-vous deux secondes le nombre de chansons écrites avec simplement 7 notes et 5 demi-tons (les fameuses Black Keys ayant inspiré le nom du célèbre groupe de Rock). Je vis dans la crainte que cette manne s’épuise un jour, à force d’avoir usé toutes les combinaisons possibles et imaginables.

Pour en revenir à "Shogun", qui doit son titre à celui des anciens généraux devenus dictateurs militaires au Japon, faisant, tout comme le splendide artwork, part belle aux origines nipponnes du leader Matt Heafy, l’accent a été mis sur les mélodies donc, plus sensibles et touchantes. Chaque refrain est une pièce de choix, avec une triplette d’ouverture de haute volée (mention spéciale à "Down From The Sky") et un enchaînement fabuleux en milieu d’album ("Throes Of Perdition", "Insurrection" et "The Calamity"), pour finir sur le title-track, majestueux, aux faux airs progressifs, dont le final mêlant growls et chant clair me file toujours et encore la chair de poule malgré un nombre d’écoutes qui se compte désormais par centaines.

Les guitares, moins démonstratives que sur "Ascendancy", n’en restent pas moins de haute volée techniquement parlant et sont omniprésentes, tandis que Paolo Gregoletto commence à pousser la chansonnette également, de façon plus marquée que par le passé. Avec Corey et Matt, ils sont à présent trois à œuvrer, permettant de trouver de nouvelles harmonies et d’enrichir encore la formule du combo.

N'allez cependant pas vous imaginer que l’opus ne comporte pas sa dose de brutalité et d’énergie. Ce n’est absolument pas le cas, l’opener "Kirisute Gomen" démontrant d’emblée le contraire. Il est simplement moins direct et spontané. Non, ce n’est pas forcément sale.

"Shogun" est-il le meilleur album de TRIVIUM ? En tout cas, il peut légitimement se mêler à la course.

Note réelle : 4,5/5

A noter l’existence d’une édition spéciale contenant 3 titres supplémentaires, dont une reprise d’IRON MAIDEN (le titre éponyme) bien sympathique, en guise d’hommage à l’une des principales influences de Matt et sa bande.