Parler de "The Red In The Sky Is Ours" aujourd'hui c'est rétablir, à sa petite échelle d'individu, la justice.

Car voilà ce que l'on peut lire sur AT THE GATES :
"Il est notoire dans le monde du Death Mélodique qu'AT THE GATES a splitté après avoir atteint son sommet en termes de popularité, de qualité et de reconnaissance commerciale, "Slaughter Of The Soul", le couronnement de sa carrière."

Cette phrase est fausse. AT THE GATES est un roi sans couronne, un de ces excellents groupes dont la carrière ne possède pas de sommet identifiable. Cet aveuglement (la peur peut-être hu hu), cette volonté de vouloir résumer des discographies en un seul disque (1) fait souvent du tort au reste de l’œuvre des groupes, surtout lorsque l'ouvrage est comme ici d'aussi bonne qualité.

On se lamentera sur ce qui handicape ce disque : une production déplorable, assassine, un violon qui aurait du être plus exploité tant ses interventions sont pertinentes bien qu'étrangement mixées. Quelques volontés de trop faire, si bien que parfois ça bredouille et ça s'emmêle un peu, une fin de disque un peu moins éclatante que son commencement.

Et puis on parlera réellement du disque : aboutissement logique de l'EP "Gardens Of Grief", TRITSIO est un disque riche, émouvant dans sa recherche musicale. Les musiciens sont possédés, furieux, la composition est audacieuse, inventive, empruntant à ENTOMBED comme au contrepoint. TRITSIO est un génie blessé, un esprit brillant né trop jeune dans un corps malade. Et c'est avec douleur qu'on imagine ce qu'aurait pu accomplir AT THE GATES doté d'un peu plus de temps et d'une production solide.

De l'idée à la seconde a fusé sur ce disque, jusqu'à ce qu'il s'échauffe, et par rayonnement thermique rougeoie. Maintenant qu'AT THE GATES a changé, délaissant et reniant le "rouge des cieux" qui fut leur, il me paraît approprié que ses auditeurs en prennent possession. Sachez, chers lecteurs, porter cette couleur.

(1) "Painkiller", " Streetcleaner", "From Mars To Sirius" mais aussi "Lift Your Skinny Fists...", "A Love Supreme", etc.