En 2005, Goatreich-Fleshcult avait à mon avis propulsé BELPHEGOR dans la cour des grands. Plus subtil, plus intelligent que Lucifer Infestus (seul autre album que je connaisse du groupe) quoique toujours aussi brutal, malsain et (il faut bien le dire aussi) stéréotypé...mais refoulant d'un charme pas commun. Arrivé pile poil au bon moment, à la bonne période, à la bonne époque, cet album m'avait délicatement et amoureusement déchiré les tympans, au point d'ailleurs de lui avoir offert grâcieusement un 4/5 bien mérité.

Le rejeton infâme de MARDUK et BEHEMOTH (bon il y a aussi certainement un troisième plus death qui s'est mêlé à la partouze, mais je manque de références de ce côté-là) vient à nouveau pointer son nez, et c'est plutôt une bonne nouvelle.
En tout cas, sur la fiche, ça pouvait l'être. Mais les premiers instants de l'album et les premières écoutes nous font malheureusement craindre que BELPHEGOR, comme à peu près 80% des groupes surproductifs, va nous sortir un pseudo-Goatreich-Fleshcult. Le très automatique "Hell's Ambassador", tout comme le plus lent "Angel's Of Retribution" ou le très peu accrocheur "Das Pesthaus/Miasma Epilog", sont des morceaux typiques qui suivent de trop près les sonorités de l'album précédent, et n'apportent pas grand chose, ni à BELPHEGOR, ni au black/death de manière générale.

Sur "Chants For The Devil" le groupe poussera même le vice jusqu'à reprendre exactement le même texte (en latin, ça fait trve), les mêmes intonations vocales que sur le "Festum Amosrum" de l'album précédent. Et la cerise sur le gâteau : en milieu de morceau, EXACTEMENT le même break !

Trop pressés d'en arriver enfin à leur sixième album (chiffre tellement culte pour tout groupe satanique ou pseudo satanique qui se respecte), BELPHEGOR auraient-ils oubliés au passage de se renouveler?
Ce n'est pas "tout à fait" le cas. Si Pestapokalypse VI est marqué par des rabâchages un peu pénibles et plutôt idiots de la part d'un groupe de talent, il lui reste malgré tout un petit quelque chose de plus que son prédécesseur. Quelque chose de plus alarmant, de plus pesant, de plus putride, de plus "atmosphérique" (pas au sens Dimmu Borgirien du terme on est d'accord), de plus mélodieux (mais pas tant que ça je vous rassure)…
Les blasts, pourtant toujours aussi cruels, s'oublient parfois en arrière plan, les guitares frétillantes s'étirent, même si tôt ou tard des riffs sans concessions et des solos possédés plus ou moins pertinents leur emboîtent le pas.

L'efficace "Seyn Todt In Schwartz", "Pest Teufel Apocalypse", l'incantatoire "Bluhtsturm Erotika", "Sanctus Perversum" peuvent être "rangés" dans cette partie plus créative de l'album…
Et pourquoi pas "Chants For The Devil" ? Malgré le texte et un break honteux, l'ambiance caractéristique de l'album est bien présente !
Il s'avère que ce morceau est finalement un résumé efficace d'un album qui se trouve quelque part entre une recherche plus détournée d'une musique à la base radicale et sans compromis, et un manque de recherche amenant le groupe à se répéter. Un semi-album donc, qui sera tout de même idéal pour qui ne connaît pas l'album précédent, qui ne connaît pas BELPHEGOR, et qui voudrait s'y mettre.