Constatons sans autre préambule que le quatrième opus des Suisses de CORONER nous fait entrer dans une autre dimension - pas celle d’Hatross de leurs p’tits camarades canadiens de VOIVOD qu’ils dépassent de mille coudées.
Une dimension complexe et réellement autonome. Tommy, Ron et Marky composent aujourd’hui une musique unique. Point n’est besoin de développer le propos : lancez donc plutôt le saphir sur le microsillon et vous constaterez toute l’affaire…
"Divine Step" place la barre différemment ; toujours aussi haut, mais la musique prend une teinte d’une froideur imparable, qui va à mon sens considérablement déblayer le chantier pour nombre de groupes industriels. Car CORONER, sans renier aucunement ses sens de l’esthétisme et d’un certain raffinement, s’attaque désormais au débroussaillage de ses principes fondateurs, épurant ainsi son art de ses éléments superflus. C’est une démarche tout à fait unique dans les annales du Metal, une sorte d’involution, admirable de perfectionnisme et d’ambition.
Les chansons se suivent, toutes originales, parsemées des interventions scintillantes d’un des plus grands maîtres de la six cordes qui soit. "Son Of Lilith", "Semtex Revolution", "Sirens"… Tout est excellent et sans défaut.

Il convient en outre de signaler l’époumonante performance réalisée sur "I Want You", reprise des Beatles que l'on dira « peu conforme à l’originale », délicieuse de vindicte et d’une audace à faire frémir tous les fans des scarabées. Je gage que le John, du haut de son Nirvana ouaté, aura apprécié cet hommage de forme cataclysmique, lui qui est un des grands instigateurs méconnus du Hard Rock ! En voilà la preuve par 7, les 7 minutes du titre, avec cette lente progression rythmique absolument dantesque sur des chœurs de toute beauté et qui se termine, comme son géniteur le souhaitait, en peau de boudin, nous laissant seuls avec notre malaise.
Ce brave Anthony Perkins orne la pochette bicolore - on se refait pas - avec toute l’anxiété propre au groupe.
Une sacrée merveille cette galette !