"The Purity Of Perversion" se répertorie comme étant le tout premier môme des belges névrosés d'ABORTED. Sorti en 1999 chez Unixon Records, après deux démos passées à la trappe, le groupe concrétise enfin son travail avec ce premier album qu'il a relativement, au bout de ces quelques années, laissé de côté. La discographie d'ABORTED commence plutôt, pour une majorité, directement par leur deuxième full length "Engeenering The Dead" ! Les raisons de cette omission ? Singulièrement je l'ignore, attendu que "The Purity Of Perversion" n'est pas un débris de première facture, ou un premier album "à l'arrache" où rien que l'épigramme "brutal" rime avec "l'harmonie" des belges.

Ainsi comme je l'ai dit plus haut, "The Purity Of Perversion" sent vraiment le travail recherché et on flaire nettement un ouvrage soigné, pour une musique violente mais non moins enivrante! Et pour cause, la production de celui-ci en est vraiment le fondement. Je n'avais encore jamais entendu parler de Unixon Records, mais les petits labels ne font décidément pas les choses à moitié. Entre quelques passages clairs, où parlotte et scie sauteuse ne font qu'un, alliés à une batterie et des vocaux frénétiques s'enchaînant copieusement : un mélange idéal, servi gracieusement, pour une création sonographique impeccable !

Le reste de cet album reste tout aussi bien sinon mieux. Les belges se sont vraiment huilés les coudes, pour fournir une élaboration de brutal death vraiment admirable, à côté d'une touche épique (un peu trop même) dans un univers gore, sanguin, et génital limite grotesque sur les bords, mais en parfaite cohérence avec leur musique !

Cet album demeure, tout de même, fort spécifique. Grand amateur de musique extrême que je suis, la malchance tombe souvent sur moi pour se coltiner des groupes assomants avec "un orchestre" linéaire, répétitif, et sans grand intérêt ! Mais ABORTED passe ici ce cap haut-la-main ! Dès le skeud en question installé sur mon tourne-disque, la sauce ABORTED m'attrappe, me ligote et me torture ! Sven De Caluwe (chant), possédant une voix monstrueuse, mène sa barque avec brio. Riffs pénétrants, agressifs et disséqués jusqu'au moindre accord (parce que y'a des accords là dessus ?), batterie apocalyptique usant de blast-beats et de double grosse caisse sur pratiquement tous les titres, une lourdeur infaillible au profit d'une basse épileptique jouant tantôt dans l'expéditif et l'éphémère, tantôt dans le grave où chaque note marquée devient de plus en plus perceptible, au milieu de vocalises gutturales et ténébreuses aux nuances grindcore très ponctuées, la machine ABORTED est lancée, plus rien ne pourra l'arrêter !

ABORTED, grâce à "The Purity Of Perversion", franchit donc la première marche dans le grand escalier du brutal death, déjà bien rempli même à cette époque. Un excellent album, pour une entrée en matière brillantissime et un brutal death, ma foi, très plaisant et écoutable par tous ! Si si, je vous jure ...