- "Est-ce que vous aimez le caca", nous demanda Sven en plein concert !

- "... Euh, métaphoriquement, pourquoi pas", proposai-je.

S'ensuivit un merveilleux "Fecal Forgery" poussé à l'extrême - si toutefois vous me permettez l'expression. Hum, bref, voici un retour bien lourd comme on l'aime !

Ce "Global Flatline" est un retour à l'essence même d'ABORTED. Finis les écarts Deathcore et compagnie. Ici, un Grind moderne cohabite avec un Brutal Death énergique - dans le sens euphorique - puissance dix. Les cris porcins sont hystériques (pas envahissants mais combinés avec "goût") et les compositions tabassent méchamment et sévèrement. Mais là où le combo belge est génial c'est quand il distille agressivité, lourdeur, bestialité, cynisme et raffinement technique - notamment les soli - bref, un plaquage sonore en règle.

Très nerveux que cet album. Beaucoup de changements de rythmiques, de tempi et un certain "groove boueux" qui nous aspire, nous englue, nous colle au mur. C'est un Death énergique, pas plombant. On sent qu'il y a plus de hargne d'en découdre que sur son prédécesseur (raté ?) "Strychnine.213", par exemple. C'est plus en tant qu'"animal enragé" - qu'en technicien de studio - qu'il faut voir ce retour en arrière (bien que le son et l'expérience sont d'un niveau supérieur que par le passé). L'aspect primaire de la survie revient au premier plan. La rage.
Les soli sont franchement mélodiques et ne contrastent pas avec la brutalité ambiante : oppressante, crasseuse et, cela va de soi, malsaine.
Il y a toujours ces incursions vocales (comme tirées d'un film) qui renforcent l'angoisse à l'écoute des chansons. Notamment celle de "Endstille" qui fait pratiquement trembler nos pores ô combien transis et suant d'effroi à la fin de l'album.

Alors, bien qu'il ne révolutionne pas le genre, ABORTED sait tirer partie de son originalité : intensité dans la frayeur et l'angoisse, lourdeur poisseuse et inquiétante, le tout combiné à l'hystérie vocale, pernicieuse et assassine. C'est avant tout une ambiance générale qui ressort de ce "Global Flatline". Aussi, disséquer titre après titre n'a pas beaucoup d'intérêt, ni de sens, à mes yeux. Et je ne dis pas non plus que tout se ressemble. Cependant, il y a plus cohérence que particularité et, dans le fond, acheter un bon ABORTED n'est-il point d'abord et avant tout un plaisir de connaisseur ? A moins que pour découvrir le groupe, cet album-ci pourrait être un bon parti !

Voilà, un régal pour tous les Deatheux de ce monde ; bien foutu, vivace (!) et entêtant.

Cela étant dit, la pochette nous renseignait déjà sur l'ambiance générale. Moins sombre que ses petites camarades (vert pisseux) et plus kitsch (sorte d'affiche pour un film de zombies, série Z).

Je vous le recommande.