Une chronique bien glorieuse à l'encontre d'un album qui l'est un peu moins. Si l'EP "Coronary Reconstruction" sorti en 2010 était bien sympathique, ce nouvel opus des Belges (et oui, il y a du Brutal Death chez nos amis confrères) sent le tarage à plein nez.
Non, je suis un peu méchant. "Global Flatline" n'est pas aussi mauvais que ça, c'est juste que le groupe s’embourbe dans des compositions sans éclat, qui ne brillent jamais malgré la volonté évidente de bien faire. ABORTED propose ce qu'il fait de meilleur : du Brutal Death cinglant saupoudré d'une grosse couche de breaks bien gras. La production renforce cet aspect, elle rend le résultat encore plus imposant, surtout au niveau d'une double grosse caisse parfaitement audible. Chaque instrument trouve sa place, même la basse qui suinte de tous les côtés (la chanson éponyme). Le réel problème reste le nombre de titres : 13, c'est beaucoup trop. Même si les chansons tournent toutes autour de 2/3 minutes, on voit le temps passer. Si encore les chansons étaient bonnes et inspirées...
Débute pourtant sur les chapeaux de roues avec des bombes sonores qui explosent à la gueule de l'auditeur : "Global Flatline" tabasse sec, tandis que "The Origin Of Disease" bénéficie d'un break grandiose d'une puissance jouissive. "Coronary Reconstruction", présente sur le précédent EP passe bien mieux dans l'environnement de l'album. La première surprise de "Global Flatline" se nomme "Of Scabs And Boils". Avec un début limite Metalcore, elle vaut surtout pour les parties de chant de Sven de Caluwe qui alterne growls morbides et voix hurlée. Le tempo est moins rapide mais c'est encore mieux ! Les riffs font leur petit effet.
Et c'est là qu'on entre dans le noyau de l'album, un mauvais pépin malheureusement. De "Vermicular, Obscene, Obese" jusqu'à la fin, c'est une catastrophe. Des titres insipides qui ne font même plus bander malgré leur violence ("Vermicular, Obscene, Obese", "From A Tepid Whiff") côtoient des compositions qui ont des bonnes idées mais qui ne les développent pas (le refrain de "Our Father, Who Art Of Feces"). Le résultat est linéaire, on s'emmerde quoi ! Même les petits soli dispersés un peu partout ne font pas leur effet.
Heureusement qu'ABORTED pose, au milieu de tout ce beau bordel, deux cartouches surprenantes qui coupent totalement avec le reste. "Expurgation Euphoria" est la première, et sûrement la meilleure. Très sombre, elle s'ouvre sur une mélodie au piano glauque qui fout directement dans l'ambiance. La suite est lourde, terriblement lourde et puissante. On se croit dans un film de John Carpenter tellement l'ambiance est malsaine et vicieuse (quelle batterie tout de même !). "Endstille", qui conclut l'album, est du même acabit. Les soli complètent joliment une chanson qui n'en demandait pas plus. Après Carpenter, c'est Romero et ses films de zombies qui sont mis en avant : est-ce l'Apocalypse ? Les intermèdes renforcent cet aspect.
ABORTED ne change pas vraiment sa donne, faut dire, même si "Global Flatline" renoue avec le passé du combo. Le niveau des musiciens est élevé, mais le feeling n'est jamais présent. Ken Bedens par exemple, est un bon batteur, mais il gagnerait à moduler son propos au lieu d’enchaîner des blast-beats ultra-rapides. Même chose pour De Caluwe pour le chant, il devrait suivre la ligne de "Of Scabs And Boils" où il fait des merveilles. Quant aux gratteux, ils assurent même si les riffs ne sont pas toujours inspirés.
"Global Flatline" est très moyen. Beaucoup de chansons sont d'un ennui total et tombent dans une démonstration exacerbée de violence. Malgré quelques bonnes surprises, ABORTED ne surprend plus.
Chansons favorites : "Global Flatline", "Of Scabs And Boils", "Expurgation Euphoria", "Endstille".