Il est de bon ton de changer de registre. Une mode qui fait fortune ces temps-ci. La dithyrambe n’est plus d’actualité. Un gros cafard nous envahit. Puisqu’il en est ainsi, moi aussi je vais verser dans le je-m'en-foutisme le plus radical et si cela ne plait pas, tant pis.

Croire que le Death Metal est un style encore vivant de nos jours est une utopie. C’est bel et bien fini, la cravate a pris le pas sur les médiators et l’after-shave à la sueur des locaux de répète. Les gros accords morbides grésillant de nos pères se sont envolés pour une esthétique mélodique de tata. Les poux en puissance, perfecto patchés à la clé sont remplacés par un boys-band à la tenue vestimentaire très tendance. La terre continue de tourner surtout pour le business et le filon du Metal (mélodique) bat son plein jusqu'à l’écœurement. On en dégueule de tout ça.

Bien qu’auparavant j’avais défendu avec ferveur le dernier CRYPTOPSY qui était vraiment bon (lui), je ne peux rester de marbre face à l’avalanche de crétinisme non justifié et pour le moins exagéré envers lui et je me dois de remettre les pendules à heure fixe et de me lâcher sans préavis (ce coup-ci). Car moi aussi je vais jouer mon gros con conservateur qui chie sur la nouveauté. Sur ce véritable foutage de gueule soldé sous la forme d’une rondelle en plastique des plus insipide. Il sera la victime de mon humeur peu prolixe à ce genre d’entreprise qui pue l’opportunisme, plein les naseaux! Je parle bien sûr du dernier ABORTED.

Arrêtons de nous voiler la face. Ceux qui veulent rester incultes de cette nouvelle époque, le fassent, leur souvenir poussiéreux qui sent le moisi à la pochette en aérographe sous plastiques, qu’ils se les gardent ! On s’en fout, nous on veut du renouveau, de la tenue et la modernité, alors pas de place à je ne sais quelle nostalgie mal placée, là n’est pas le propos. Le propos justement, c’est de montrer la face cachée d’une époque en proie à une crise continuelle : tout pour le fric et rien pour le talent.

Certains voient le charisme au travers d'un son, d'une attitude ou d'une manière de se torcher les fesses. Bien sûr cela reste un avis mais c’est surtout la triste réalité. ABORTED, dont le style est affiché en lettres capitales comme du MELODIC BRUTAL GORE METAL est une vaste connerie car même les plus intransigeants ne le sont en rien. Pris dans le vortex infernal du monstre « commercial », tous les groupes désireux de surfer sur la vague gluante de la facilité, foncent têtes baissées et revendiquent toujours leur origine mais actualisée. Mais avec quoi ? Des accords mélodiques qui sentent la tarlouze ? De l’hystérie crétine propre au Deathcore : une tendance devenue une déviance, un style fourre-tout, un garage à bite pour Metalleux peu inventif. En n’oubliant pas au passage, les intonations de puceaux émasculés qui crient jusqu’à en chier dans leur froc. Et on appelle ça de la musique brutale ? Non, là il y a un sérieux problème et je pense que cela vient tout autant de cette époque mercantile que de ces Belges fringants devenus beaucoup trop regardant de leur image que de leur intégrité, qui n’a jamais existé d’ailleurs.

- Strychnine.213 – est le modèle type de produit à éviter, pour ne pas devenir abêtit d’un son pour foetus nourri à l’excrément trendy. Normalement le Death ça tabasse bien, c’est accrocheur et ça envoie la purée comme personne, et bien non, là il faudra vous contenter d’une couche de borborygmes caverneux et d’une autre d’aboiements crétins (« Carrion »), le tout enrobé d’une grosse prod’ écœurante (typée US), à peine violente et extrêmement propre, assez pour en faire du papier toilette d’ailleurs. L’appellation des morceaux en dit long sur cette pseudo origine grind-conne : « Pestiferous Subterfuge » ou encore « Ophialiatry of the Hemocite platter ». Et ce n’est pas les quelques blast-beats en fond qui vont me faire passer cette daube des écouteurs. Clichesque au possible et nauséabond à l’extrême. Y’a pas à dire, ça tape le Death Metal de nos jours.

Et tout ça pour quoi ? Pour rien en fait. Juste un disque vendu dans les bacs dont le graphisme très joli (si, si) dissimule à peine des alentours d’un mode gore movie qui cartonne aux States (encore les States). Mais surtout des références au Deathmelo’ qui pullulent allègrement, sans vergogne et sans tabou. Ça fait mal d’entendre ça mais c’est comme ça et je peux vous parier que le prochain sera encore plus abouti et encore plus mélodique mais rassurez-vous, il sera toujours aussi Death (tata) Metal.

Bon, maintenant j’arrête de gerber, promis... retour à la normalité.

Note finale : 1/5 (et je suis large)