Quand on tombe de cheval, on remonte sur selle. Un vieil adage que les membres d'ABORTED ont appliqué aujourd'hui. Par choix ou par nécessité, personne ne le saura vraiment. Ce qui est sûr maintenant, c'est que les Belges n'ont pas d'autres choix que de satisfaire un maximum de fans. Sauf que le monde est bien complexe. L'orbite autour du Soleil traîne cette boule de merde que l'on nomme la Terre. Cette Terre qui est remplie à rabord d'humains aussi belliqueux que calculateurs. Un simple écart de conduite et vous pouvez être sûr de vous prendre un gros mawache dans la gueule en moins de deux. Putain de facteur humain.

Toujours est-il qu'il ne vaudrait pas se mettre à rêvasser comme des poires dorées au soleil. ABORTED se retrouve dans une impasse. C'est certain, il y a pris du plaisir sur "Strychnine 213", en jouant les gosses-beaux là, élans ultra mélodiques de mes deux en prime et tout ça pour rien (pour une merde de chien). De ce fait, ABORTED a évalué et calculé (un minimum) les risques de continuer sur la brèche mélo, tendance « tata Metal ». Bien, on retrouvera donc du mélo, mais ce coup-ci assimilé d'une autre manière, moins tapageuse, plus dans l'ambiance où l'écrin charbonneux d'une prod' (enfin) savante, apporte ce petit plus qui manquait en 2008.

Alors voilà comment se présentent les choses.

Dans les faits, "Coronary Reconstruction" est sensé faire bonne figure. Les fans réclament comme des nouveaux nés crevant de faim, du "Goremageddon" en poudre, mais ici on ne leur donnera plus du "Goremageddon". C'est fini tout ça. Vous aurez à votre disposition (ou pas, c'est vous qui voyez) quatre titres plus une reprise. Le "Left Hand Path" de ENTOMBED, oui, parce qu'il n'y a pas que CARCASS dans la vie. En plus, ABORTED sont des amateurs du Metal de la Mort (qui tue), alors ça tape tout de suite mieux là. Rassuré maintenant ? Bref, les tous morceaux (reprise y compris) sont bien foutus, bien énergiques, assez alambiqués dans leur déroulement où les guitares explosent carrément dans un duo de tronçonneuses, les harmoniques sifflent généreusement, les powerchords sont tirées vers la lumière ; "A Cadaverous Dissertation", un titre qu'il est bon d'écouter son gros son. Le beat crépite à foison (Merci Dirk), et ça c'est bon. Le tout reste légèrement granuleux, histoire de ne pas tomber pas dans le Metalcore du dimanche (habile calcul), mais seulement dans le CARCASS du dimanche (calcul foireux).

Oui, car les Belges raffolent du répertoire des bouchers de Liverpool, c'est comme ça depuis le début. Alors pour les retardataires, ne vous inquiétez pas, y'a rien de grave. Pour les fans par contre, c'est autre chose. Vous en vouliez du bon "Goremageddon" de chez papa ABORTED hein ? Et bien navré de vous le dire mais ça sera dans le cul et rien d'autre. L'évolution est néanmoins visible et les couilles sont de retour ("Grime" arrache bien), notre ami Dirk Verbeuren aussi. Pour l'occasion, la machine à gnons du "Goremageddon" légendaire de nos belges girouettes (cacahuète) reprend ses baguettes et nous tricote de bien bons écroulements de caisse avec ce son mat, cette touche délicieuse d'une mécanique rythmique "tout-terrain", du Brutal Death par excellence. Bien entendu.

Cependant, les growls de baryton convaincront que les novices (car Swen devient moins convaincant avec le temps), ses jappements de coreux de base exaspéreront toujours les vieux cons et cet EP se présente à mes yeux comme un produit bien poli (avec le calbute bien rentré dans les miches) et ne déborde pas du cadre dans lequel il est établi. Encore heureux devrais-je dire. Le visuel est toujours aussi "parlant" dans son genre. Le GORE semble de retour. Bien sûr, je parle de celui qui se prend pas au sérieux. Celui qui est plongé dans le cynisme d'une scène surréaliste. Le toubib frappadingue de "l'abattoir archaïque" nous observe en pleine phase créative. Nous allons pas le déranger plus que ça. Vaut mieux pour lui, parce que sa chirurgie réparatrice (traduction sensible "Deadcomienne" de "Coronary Reconstruction") n'a rien d'impressionnante ici. Pas plus que le marketing panzer du groupe qui nous gratifie d'une édition (limitée) chargé en artéfacts dont je me fous royalement, mis à part pour décorer mes chiottes. Comment ça je ne suis pas fan ? Doucement hein.


Donc attendons la suite, juste pour voir… Quelque chose, un truc. Genre, une débâcle ou un exploit. Cela dit, le mot "exploit" est un peu grand tout de même.


Note globale : 2,5/5.