Deux ans après "Slippery When Wet", Jon Bon Jovi et ses compagnons de route nous servent ce "New Jersey" qui enracine le groupe dans son statut (à l’époque) de combo Rock incontournable. Même si les américains excellaient pour nous pondre des brûlots Rock d’un côté et des ballades bien catchy de l’autre, force est de constater qu’ils auraient quand même pu avoir plus de goût pour les pochettes de leurs opus… M’enfin, c’est la musique ici qui nous intéresse, me direz-vous !!

Les habitués de l’album précédent retrouveront ici leur chemin sans problème, c’est en tout cas ce que l’on peut penser avec les deux titres d’ouverture que sont "Lay Your Hands On Me" et "Bad Medicine" : brûlots Rock bien accrocheurs qui resteront des habitués des set-lists live du groupe… On aurait presque l’impression d’écouter des titres issus des sessions de "Slippery When Wet". Mais le groupe évite judicieusement la redite avec les titres suivants : plus crus, moins immédiats, plus Hard Rock finalement. Alors, bien sûr, on retrouve une ballade typique du combo avec "I’ll Be There For You", mais que l’on aime ou pas ce passage « obligé », force est de constater que le tout est bien réussi et que les titres les plus faciles d’accès de l’album ne sont pas forcément ceux qui font sa force.

Ainsi donc, Richie Sambora et Jon Bon Jovi (avec l’appui de D. Child sur certains morceaux) ont accouché ici de titres vraiment intéressants à l’instar des très bons "Blood On Blood", "Homebound Train", "Stick To Your Guns", "99 In The Shade" et "Wild Is The Wind". Et même si des titres comme "Born To Be My Baby" ou "Living In Sin" paraissent plus « faciles », ils ne constituent pas un handicap pour l’album. A noter également la volonté de proposer quelque chose qui sorte de l’habituel « Rock à midinette » avec l’interlude "Ride Cowboy Ride" ainsi que le morceau final "Love For Sale" (avec solo d’harmonica) qui nous permet de (re)découvrir la facette cow-boy du combo (en référence au "Wanted Dead Or Alive" de l’opus précédent).

Les musiciens tirent toujours leur épingle du jeu et cet album (produit par Bruce Fairbairn et mixé par un certain Bob Rock) sonne véritablement l’accession du groupe à un statut de « grand », de « géant » du Rock même puisque la tournée qui suivra la sortie de cet opus sera longue et mémorable. Mais "New Jersey" marqua également la fin d’une époque, celle du Bon Jovi à échelle « humaine », et même si "Keep The Faith", son successeur, reste un opus de qualité, le groupe devint à l’époque réellement gigantesque et perdit par là même cette spontanéité qui caractérisait ses premiers opus (ce qui conduisit par la suite à des albums gorgés de ballades bien commerciales comme peuvent l’être "These Days" – d’ailleurs loin d’être mauvais – ou le plus indigeste "Crush").

Quoi qu’il en soit, "New Jersey" est un très bon album, qui n’a que peu vieilli (comparé au son des efforts précédents du groupe), même si de nombreux titres le composant ne font plus partie des concerts du groupe depuis longtemps (en dehors des deux premiers titres). Dommage quand on constate la qualité de la plupart des compos. Et même si je préfère légèrement son grand frère "Slippery When Wet", cet opus reste l’un des meilleurs de Bon Jovi.