Non, BATHORY n'a pas inventé le Black Metal. Pourquoi est-il si souvent porté aux nues par le mouvement ? Peut-être parce que c'est par lui que la vague scandinave s'est construite, identifiée, à travers ce satanisme de pacotille qui permettait une imagerie occulte, dérangeante et subversive dans une Europe encore très chrétienne, cette absence de concessions, ce principe du DIY, et cette volonté d'aller à l'essentiel, hérités du Punk.

"Bathory" est une usine à tubes. Mais pas tels que les pondaient alors METALLICA, DIO et consorts. Non, non. Chez BATHORY on revient à la base de toute composition Metal : le riff. Et si la simplicité enfantine de la musique de BATHORY peut paraître aujourd'hui légère au regard de ce qu'il adviendra ensuite avec la deuxième vague norvégienne, l'efficacité de chaque riff démontre un talent certain dans le domaine. Et sur un disque aussi court, on en dénombre une bonne vingtaine, ce qui en termes de ratio est assez exceptionnel.

On ne pourra pas non plus passer sous silence l'influence évidente de VENOM sur les jeunes Suédois, jusque dans les vocaux de Quorthon, proches du dégueulis de Cronos, auxquels il ajoute néanmoins une rugosité peu commune que seuls les Suisses de CELTIC FROST peuvent alors lui disputer. Et puis si tout est fait avec les moyens du bord (ce son de guitare très Punk, qui va donner bien des idées aux futures formations Black Metal), ça joue tout de même plutôt bien par rapport à VENOM, même si tout n'est pas parfait loin s'en faut.

Mais justement on s'en tamponne ! Avec "Sacrifice" repris de la compilation culte "Scandinavian Metal Attack" (le second titre clôturera "The Return…") et sept brûlots speedés, pourtant pas toujours hyper bien écrits (on en serait même surpris d'écouter la basse se désolidariser de la guitare sur le refrain de "In Conspirasy With Satan"), ouverts par une introduction qui remplit parfaitement son rôle, nous mettant dans l'état émotionnel idéal pour rentrer dans ce "Bathory", qui tient au moins autant du Punk que du Metal.