Voilà un album qui divise… Mais quel album de MAYHEM ne divise pas les foules ? Tandis que "Grand Declaration Of War" suscite soit le respect, soit une haine assez viscérale à son encontre, on pourrait pourtant dire qu’il s’agit d’une offrande parmi les plus osée de l’histoire du Black Metal. "Wolf’s Lair Abyss" montrait que la formation avait survécu à la mort d’Euronymous, mais ce n’était pas un véritable album. Il entrait dans une certaine continuité effrayante et rappelait que MAYHEM est une référence dans le genre. "Grand Declaration" vient brouiller le jeu avec beaucoup de malice.

Avec De "Mysteriis Dom Sathanas", la formation posait quelques unes des tables des lois du Black Metal et il allait sanctifier le nom d’Euronymous. Ici, Blasphemer va poursuivre l’œuvre… en la déconstruisant complètement. MAYHEM a initié la scène Norvégienne, mais MAYHEM pouvait également la faire bouger, la faire évoluer, lui montrer que d’autres directions sont possibles et que le Black Metal n’est pas forcément un style figé.

Alors oui, nous ne sommes pas en terrain conquis. Oui, ça expérimente énormément, ça ose des trucs pas possibles, comme ces vocaux rapés sur l’excellent "Crystalized Pain In Deconstruction" qui résume parfaitement la démarche du groupe. Le tout est à la fois très laid et subversif, beau dans son aspect martial et tortueux dans cette accumulation de marches militaires modernes qui forment une œuvre pour le moins difficile d’accès.

Ce n’est pas le genre de disque qui s’apprivoise en quelques écoutes. MAYHEM va très loin dans l’expérimentation dans le genre, aussi il ne flatte pas forcément l’oreille. Il est âpre, dirigiste, sa prod est agressive, Maniac semble évoluer dans un monde cauchemardesque. Il est quelque part l’antithèse de "At The Heart Of Winter" d’IMMORTAL tant il casse les codes, tant il cherche le contrepied en continu, jusqu’à toucher du doigt l’incompréhension de l’auditeur de façon tout à fait volontaire.

D'un certain point de vue, "Grand Declaration Of War" n’est pas fait pour être aimé, adulé. Il représente un glaviot malsain, lancé à la face des fans qui vouent un culte à Euronymous, c’est un doigt d’honneur à l’œuvre de ce dernier tant Blasphemer se plait à contourner tout ce qu’a mis en place son prédécesseur, justifiant ainsi son pseudonyme. "Grand Declaration Of War" porte très bien son nom, son contenu en est la propagation musicale.