L'ouverture "Multinational Corporations" est saisissante. Tel un slogan de cette génération punkoïde qui dit tout haut ce que d'autres pensent tout bas. Un Code visuel très brut guide le pinceau de Jeff Walker, artiste attitré de cette sombre carcasse, héritage de l'art crasse et punk par excellence : Famine, guerre, exploitation, industrialisation, pollution, corruption, massacre, conflit nucléaire ou bactériologique. Ça gueule sur trois accords, dans une cave ou dans un garage, qu'importe. On monte les potards, on crache son venin, on chie à la face de ce monde de merde… On bricole son truc pour se faire entendre des hauteurs d'un gratte-ciel voire d'une montagne.

Cette génération d'artistes arrive pour tout péter. Et ça pète, ça pète d'autant plus que ça rote, c'est fétide, c'est gras, c'est lourd. En un mot ça tâche sur ces 12 titres encore sous l'emprise punk. Et puis soudain, c'est l'enfer. Le fameux syndrome "Hell On Earth" déposé par DISCHARGE il y a bien longtemps, explose littéralement comme une charge de 200 mégatonnes. Les 16 titres du deuxième segment de "Scum" sont remplis de haine, d'hystérie, de colère et encore que tout ça soit bien léger face à ce terrifiant manifeste qui nous emmène tout droit aux portes du royaume d'Hadès. Le temps d'un blast. Le temps d'un cri.

Une attitude aux antipodes de ce qui était tolérable dans la musique rock et "Scum" est intolérable. Production sourde au mix flou, des grattes souffrent et râlent, mal accordées, mal jouées. La brutalité devient un véritable moyen d'expression. Le cœur du fruit Rock est prélevé et amplifié au maximum, dans toute sa bestialité. C'est immédiat, joué à la seconde près (étonnant "You Suffer"). Avec "Deathcrush" de MAYHEM, "Scum" se pose là en terme de brutalité juvénile. Bien juvénile, encore toute verte, encore toute fraîche…

Néanmoins si on extirpe de ce magma chargé de parasites, "Instinct Of Survival", "Scum" et "Siege Of Power", NAPALM DEATH, ici, nous a dit l'essentiel.