Pas forcément le plus réussi, mais assurément le plus flamboyant des albums du CRÜE.
De par l’histoire du groupe, nous ne pouvons pas dissocier ses chansons de son contexte de création, impossible. Ces voyous du Rock auraient du mourir 100 fois depuis leurs débuts en 1981, l’eau minérale et les brocolis Bio n’ayant jamais été leur menu de prédilection…
En 1989 pourtant, les garçons se mettent au vert pour la première fois dans leurs vies respectives de déglingués notoires. Une chose est sûre, l’énergie déployée sur ce disque est saine et formidablement employée, à bon escient donc.

Jusqu’alors forts d’un succès mondial grandissant, les « Drug Four » franchissent un pas plus Rock, plus abouti aussi qui les mènera à cette reconnaissance publique que l’on connaît.
Le son nouvellement énorme produit par Bob Rock n’y est pas étranger, insufflant aux titres une puissance et une résonance sans pareille. Sauf que cela ne suffit pas à magnifier un album bon mais sans magie. Les ballades notamment, sont particulièrement affligeantes, à l’exception d’un "Don’t Go Away Mad" de folie, mais "Without You" et "Time For Change" sont franchement ratées. Du pauvre FM qui sent bon la frite molle…

Il y a le meilleur cependant avec le subversif "She Goes Down", bien rythmique et le décoiffant "Kickstart My Heart", ainsi que "Slice Of Your Pie" désopilant et bien mené.
Ce "Dr Feelgood" a le charme d’une fille dont on sait qu’elle nous fera souffrir tout en ayant cette irrépressible envie de l’embrasser, tout le monde a connu ça…

En fait, le défaut majeur de ce disque par ailleurs très plaisant, est qu’il laisse transparaître, et pour la première fois, (ce qui est étonnant pour un 5ème album) des influences trop évidentes et mal digérées. "Rattlesnake Shake" est un titre d’AEROSMITH, pas de MÖTLEY CRÜE ! Idem pour "Same Ol’ Situation", criante de vérité. Et puis ces chœurs à foison, à répétition ou toute la jet-set du moment est présente finissent par être fatigants.

Les riffs de Mick sont amoindris, Tommy fait le job mais ne joue pas sa carte de Musicien, seuls Nikki et Vince s’en sortent bien comme toujours. Finalement, ne seraient t’ils pas les véritables Toxic Twins ? Le résultat est abouti mais n’en demeure pas moins un cran en dessous de ce que peuvent proposer les loustics. La rythmique est foncièrement absente, ce qui est regrettable au vu des capacités de Tommy, et surtout du sens de la composition de Nikki. Un opus bien ancré dans son époque mais un brin surestimé.