Dixième engeance des trublions et référents de la seconde vague émergente du Black, les susnommés IMMORTAL en la présence de Demonaz… et puis c’est tout ! Abbath ayant été remercié il y a des années de cela et vivant sa meilleure vie, alternant entre son groupe éponyme et cures de désintox, Apollyon ne faisait plus partie de l’équipage et laissant le poste de bassiste vacant depuis 2015… Ce fut finalement au tour d’Horgh de se faire pousser vers la porte de sortie, pourtant présent depuis le milieu des années 90, après une énième bataille judiciaire sur fond de propriété du nom du désormais one-man band. Et c’est donc Demonaz qui remporte le sésame, chic alors pour lui (et il est le seul individu crédité sur l’ensemble des morceaux de sa nouvelle production soit-dit en passant).

À force de perdre un membre par album, doit-on craindre qu’un impact sur la qualité ne se fasse ressentir, que, mathématiquement parlant, le onzième album ne soit réalisé que par une IA intronisée comme one-machine band après que cette dernière ne gagne le prochain duel judiciaire contre Demonaz ? L’album ne contiendra-t-il que des titres incluant "War" ? Tant de questions, mais tâchons de répondre à la première avec cette nouvelle galette comme support.

Eh bien surprenamment, ou pas, cet album ne déçoit pas, bien au contraire. La prise de risque de Demonaz est minime, pour ne pas dire inexistante, mais il est en terrain conquis, il sait ce qu’il doit faire pour réjouir son auditoire, qui n’attend que cela depuis un "Northern Chaos Gods" mitigé, et il sait comment le faire.

Les deux titres promotionnels, "War Against All" et "Wargod" confirment le postulat martelé par le principal intéressé, à savoir-faire du IMMORTAL, par l’agressivité, la pesanteur, la hargne, et la volonté démontrée à l’exécution.

"Thunders Of Darkness" est dans cette continuité un uppercut qui arrive très tôt dans l’écoute, rapide, incisif et percutant à la fois, pour laisser tout le monde d’accord : cette version épurée d’IMMORTAL n’est pas là pour enfiler des perles, mais bien pour se foutre sur la gueule en slip dans la montagne où il fait froid avec une gratte pointue (et débranchée de préférence) en crab-walk, aucun doute là-dessus.

Mais à tout donner dans le premier quart d’heure n’y a-t-il pas un risque d’essoufflement prématuré ? Globalement non, des morceaux comme "Return To Cold" (le plus faible de l’album) ou l’éponyme "Immortal" sont en-deçà mais sans décevoir, ils sont, au pire, convenus.

"No Sun" faire très fortement écho à "The Sun No Longer Rises" de "Pure Holocaust", (par souci de cohérence ?) et ce petit instant nostalgique fait beaucoup de bien ! Mais à force de ressemblance, ne tombe-t-on pas dans le bête et méchant copier/coller ?

C’est là que Demonaz a l’intelligence dans la disposition des titres et de la composition, car "Nordlandihr", instrumental de sept minutes arrive aux deux tiers de l’album, comme un second souffle, même si le premier n’est pas encore épuisé, et vient donner une nouvelle dimension à ce "War Against All". L’album bascule dans une dimension plus solennelle, le pont acoustique offre une bouffée d’air et l’harmonie (?!) qui s’ensuit nous pousse à rejoindre ce pauvre va-t-en-guerre isolé dans sa quête tant l’aspect épique qui en ressort nous bouscule, nous chamboule, nous émeut. Ce morceau est beau, à-propos, tout simplement.

L’album se termine sur "Blashyrkh My Throne" (sans zozoter), et sa disposition comme titre de clôture associée sa construction n’est pas sans rappeler "Mighty Ravendark" du précédent opus, comme une conclusion cohérente et toute en assurance avec un ultime riff sur la dernière minute après un dernier break acoustique. Seul à s’asseoir sur son trône, Demonaz peut demeurer puissant et fier de son œuvre.

4/5 amplement mérité, pour renaître de ses cendres, il faut déjà être mort, or cette entité (à défaut de ce groupe) l’est bien, immortelle.

Titres favoris : "Thunders of Darkness", "Nordlandihr".