Après un concept-album "Feathers & Flesh" plutôt mitigé à mon sens, j’éprouvais une certaine hâte de découvrir ce que les Suédois nous avaient réservé. Faisant preuve d’une régularité assez effrayante dans leur timing de livraison, c’est donc deux ans plus tard que le combo revient avec une nouvelle offrande, "Avatar Country". Si j’avais craint sur l’opus précédent que le groupe ne cède à une certaine forme de mégalomanie sans avoir les moyens de leurs ambitions, l’annonce d’un nouveau concept-album n’a pas été pour me rassurer, loin de là. En étudiant la chose de plus près, cependant, une bonne dose de second degré semblait avoir été ajoutée.

Le pitch : les fans d’AVATAR sont les citoyens d’un royaume imaginaire, dirigé par le guitariste fondateur Jonas « Kungen » Jarlsby, œuvrant à la gloire du Metal. Et le groupe s’est donné à fond pour créer son monde. Jugez plutôt : cartes de citoyenneté pour les fans, site internet dédié, clips déjantés et moyen métrage crowdfundé, interludes narratifs au sein de la setlist, scénographie live à l’unisson : tout est fait pour que ce délire soit cohérent. Pour le coup, point de sérieux sur cette histoire, la folie et l’humour venant ôter toute suspicion de 'melonite' aigue.

Maintenant que le décor est posé, que dire de la musique proposée, parce qu’en vrai, on est quand même là pour ça, non ? Et bien qu’AVATAR poursuit son grand mélange des styles, sans gêne ni limite. Mais là où tout me semblait confus sur la sortie précédente, nous sommes en présence de véritables bons morceaux, qui tiennent la route en eux-mêmes. "Legend Of The King" est une tuerie absolue, avec son intro en tapping dantesque définitivement à classer au Panthéon du genre. Les guitares sont toujours exceptionnelles, le duo Jarlsby-Öhrström figurant parmi la fine fleur de la catégorie. Le Title-track est également une franche réussite, mêlant AC/DC et un rythme Country tandis que "King After King" (oui, tous les titres contiennent le mot « King »…) nous amène sur un registre typé Heavy, malgré des harmonies vocales que SOAD ne renieraient pas, tout comme sur "King’s Harvest" qui envoie du plomb. Bref, les chansons sont variées et, chacune dans son style, plus que réussies.

Le problème, comme Fenryl le notait justement dans sa chronique, c’est que l’on se retrouve au final avec huit pistes, et donc un goût de trop peu tirant franchement sur l’amer, d’autant que le diptyque final manque réellement d’intérêt : le Pt. 1 est juste totalement inutile et le Pt. 2 franchement oubliable.

Note réelle : 3/5, malgré des passages brillantissimes. AVATAR marque un peu le coup, il faut le reconnaître.

PS : il faudrait également un jour se demander si AVATAR n’est pas le groupe possédant les artworks les plus moches de notre grande communauté. Les seules exceptions étant les deux premiers LPs, il est incroyable qu’un groupe soignant à ce point les aspects visuels de ses shows soit autant à la rue sur ses pochettes.