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SULPHUR AEON - The Scythe Of Cosmic Chaos (2018)
Par SIRFRANGILL le 25 Mars 2019          Consultée 1506 fois

Lovecraft décrit dans son œuvre la ville de R'Iyeh, demeure de Cthulhu, comme un ensemble d'édifices fait de pierres cyclopéennes agencées selon des angles indéfinissables, la simple vue de cette construction manifestement non-humaine pouvant rendre fou n'importe quel être vivant parmi nous. La cité n'est pas une exception dans les écrits de l'auteur, puisque ce dernier, de nouvelle en nouvelle, prendra un malin plaisir à imaginer des entités inimaginables, atroces, perceptibles mais non assimilables par un cerveau. Retranscrire un tel univers avec de la musique semble donc bien périlleux d'autant que le flou laissé par Lovecraft dans ses textes permet un large panel d'interprétations, nous condamnant à nous retrouver en face d'une lecture de l’œuvre (celle du groupe) qui ne nous conviendra pas forcément. Si les Grands Anciens sont trouvables un peu partout dans le Metal, peu d'artistes ont su créer en nous le désarroi qu'aurait pu être celui des hommes en face des abominations. On pourrait penser à PORTAL avec son Death abstrait et déshumanisé et à ses copains australiens (IMPETUOUS RITUAL, GRAVE UPHEAVAL...) proposant une musique tout aussi abyssale.

Assurément, SULPHUR AEON ne fait pas partie du même monde même si on pourrait le croire à la vue des splendides artworks couvrant les trois essais des Allemands. Certes, il est question ici de l'univers de Lovecraft et ce sur l'entièreté des morceaux, mais ces derniers, finalement, semblent échouer dans leur but d'être l'expression des paroles qu'ils portent. La faute premièrement à une production trop claire et manquant de lourdeur. Chaque note est compréhensible, on dirait que tout est fait pour ne pas nous dérouter. Le riffing lui aussi est en décalage avec l'idée de noirceur abyssale puisque presque jamais il ne se cantonne aux fréquences graves. On retrouvera toujours une guitare lead aiguë pour contrebalancer la guitare rythmique quand ce n'est pas elle-même qui dérive vers ses cordes fines, faisant que jamais nous n'avons l'impression de nous faire submerger par quelques forces colossales. Ces deux aspects de "The Scythe Of Cosmic Chaos" rendent sa musique assez dépourvue d'agressivité et d'entropie, son art est assez neutre. Les passages aux chant clair, assez nombreux, sensés je suppose être incantatoires, revêtent finalement des aspects intimistes, mélancoliques, désabusés, presque gothiques en fait. Ils sont donc loin de faire penser à une humanité affolée ou à un groupe de sauvages vénérant Cthulhu. À noter cependant le passage au chant clair clôturant "Thou Shalt Not Speak His Name" et donc l'album, marquant et entêtant. Tout cela peut paraître assez décevant et ne pas être à la mesure des pochettes terrifiantes du combo (c'est un peu moins le cas de celle de "The Scythe Of Cosmic Chaos" qui souffre de la comparaison avec celle de son prédécesseur, probablement l'une des plus réussies de l'histoire du Metal).

En réalité, si l'on prend la musique pour ce qu'elle est indépendamment de l'imagerie sur laquelle elle repose, on y trouve de la qualité. Le Death Metal de SULPHUR AEON, au dépend de la lourdeur, revêt des aspects épiques assez intéressants. L'album est finalement plus Black dans l'esprit, le but n'étant pas de faire bouger ou de suffoquer l'auditeur mais de le faire voyager, de dessiner des des images dans sa tête, de proposer une narration. Bien que l'horreur soit absente de l’œuvre, elle laisse entrevoir néanmoins des cultes ancestraux, des temples gigantesques et des titanesques en mouvement. On retrouve souvent un esprit NILE dans les riffs, une epicness orientale dessinant les Grands Anciens de la même manière qu'un Karl Sanders évoquerait les colosses d'Abou Simbel. On pourrait citer la marche antique de "The Summoning Of Nyarlathotep", titre qui ne dénoterait pas réellement sur un album des égyptologues du Metal. BEHEMOTH vient aussi à l'esprit à de nombreuses reprises, non seulement parce qu'on retrouve aussi chez les Polonais cette ambiance sumérienne, mais surtout parce que certains riffs de SULPHUR AEON sonnent plus Black que Death, d'autant que le vocaliste Martin Hellion n'emploie pas un registre excessivement grave et se laisse souvent dériver vers des voix plus aiguës et criardes. La batterie, elle, impose un rythme souvent mid-tempo et quand elle blaste, c'est davantage pour donner une ampleur monumentale aux morceaux plutôt que pour se montrer agressif. "Yuggothian Spell" nous fait croire par son intro à un morceau plus direct mais il se calme rapidement et laisse place à des tempos plus raisonnables. Aucun titre n'est épargné par la mélodie, les refrains marquant souvent une accalmie accompagnée d'invocations de noms oubliés depuis des millénaires ("The Summoning Of Nyarlathotep", "Veneration Of The Lunar Orb"). Les fins de morceaux, présentant des leads mélodiques ou des notes lointaines servent souvent de transition en douceur vers la piste suivante (on pense à "Cult Of Starry Wisdom", "The Oneironaut" et "Thou Shalt Not Speak His Name").

À bien y réfléchir, on peut réaliser que la pochette du disque ne mentait pas tant que cela. Il est bien question d'une puissance ancienne vénérée quittant sa cache et s'élevant dans le ciel dans toute sa majesté et non de créatures immondes se tapissant dans leur nid tordu sous des kilomètres cubes d'eau océanique. Ce qui n'étonnera personne qui avait découvert le formation avec "Gateway To The Antisphere" tant "The Scythe Of Cosmic Chaos" suit la logique et le parti de son prédécesseur. Le tout pour un résultat finalement assez agréable, l'album se laissant apprécier au bout de plusieurs écoutes. Mais force est de constater que si SULPHUR AEON constituait un espoir à la sortie de son premier essai "Swallowed By The Ocean's Tide" et qu'il commence à prendre une place importante dans la scène et dans le cœur des Deatheux, nous n'avons pas là affaire à une offrande véritablement exceptionnelle. Mais on leur reconnaîtra une certaine personnalité et un sens de la mélodie travaillée qui, peut-être, leur permettra de voir plus haut à l'avenir.

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   (3 chroniques)



- M. (incantations, folies textuelles)
- T. (rituels, mystères phoniques)
- A. (accords yuggothiens)
- S. (pulsations abyssopélagiques, paysages sonores)
- D. (tentacules)


1. Cult Of Starry Wisdom
2. Yuggothian Spell
3. The Summoning Of Nyarlathotep
4. Veneration Of The Lunar Orb
5. Sinister Sea Sabbath
6. The Oneironaut (haunting Visions Within The Starli
7. Lungs Into Gills
8. Thou Shalt Not Speak His Name



             



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