"Passion" avait marqué un tournant pour ANAAL NATHRAKH, vous l'avez entendu comme moi. Bon, pour comprendre les subtilités d'un groupe pas trop subtil, il faut être un peu débile, mais on peut y arriver sans trop de problème. J'avais préféré ce skeud au précédent, malgré vents et marées, en raison des efforts déployés par le groupe pour se calmer un millimètre. Est-ce que "Vanitas" allait emprunter le même chemin ou celui du retour ? Sept chanceux ou excès de vanité ?

On poursuit la progression !

Alors que plusieurs penseront qu'ANAAL NATHRAKH se fait vieux, je préfère penser que les Anglais ont réussi à trouver un certain équilibre dans leur univers bordélique. Leurs créations démoniaques bouillonnent encore au max, mais on perçoit un désir soutenu d'illuminer tout ça, d'y injecter de plus en plus de mélodies accrocheuses, de refrains fédérateurs au chant clair et de cette énergie coreuse qui empêche le groupe de vieillir.

Si je devais identifier une grosse amélioration par rapport à "Passion", ce serait au niveau de la balance entre la fureur brute des premiers balbutiements NATHRAKHéens et la variété des grattes plus modernes, dont fuse une pluie de riffs séditieux, nerveux. Ils viennent compenser pour les excès parfois démesurés que se permettent encore les Anglais. Les inconditionnels cracheront sur cette dernière phrase et je les en remercie dignement.

Force est d'admettre que le côté créatif d'AN l'emporte haut-la-main une fois de plus et devrait désormais se positionner en tête de liste des arguments des chroniqueurs qui se frottent au duo. Pourquoi ? Avant, on louait AN pour sa propension à défoncer des culs à la vitesse du son, on le félicitait pour sa hargne supposément révolutionnaire, alors que maintenant, il additionne à son ADN des bombes inspirées, notamment comme les quatre de mon podium. Il s'écoute tout seul, ou presque, sans qu'on ait envie de mordre son chien. On headbang sur cette basse du tonnerre qui donne le ton et on apprécie le fil conducteur tissé talentueusement.

Gros bémol sur "Vanitas" : V.I.T.R.I.O.L. abuse encore trop des hurlements. Ça a toujours été un problème pour certains, une certitude pour moi ; le gueulard d'ANAAL NATHRAKH en fait trop. Il s'époumone comme si la musique du groupe était la plus violente jamais créée, alors qu'il y a bien pire ! Ça va sur deux-trois pistes, mais quand ça déborde de ce cadre, attention à l'écoeurantite aiguë. Ça me dérangeait dans le passé et ça continue. Heureusement, il se reprend quand vient le temps de jouer dans les graves ou, au risque de me répéter, de nous captiver avec son chant clair mélangeant le Core et un timbre s'approchant de celui d'Ihsahn.

La symbiose de toutes les influences d'ANAAL NATHRAKH se retrouve ainsi étalée de nouveau sur "Vanitas", un deuxième album de bonne qualité pour les Anglais. Et pour récompenser cette soudaine constance et la qualité indéniable des compositions, on peut leur permettre de se vanter un petit peu.

ANAAL NATHRAKH est maintenant mature... pour vrai. Et putain, quelle pochette !

Note réelle : 3,5/5.

Podium : (or) "Feeding The Beast", (argent) In Coelo Quies, Tout Finis Ici Bas ", (bronze) "To Spit The Face" et "Of Fire, And Fucking Pigs".