Dans le fond, ANAAL NATHRAKH c'est beaucoup de bruit pour rien.

C'est ce que je me disais à la fin du dernier album, "Constellation", et c'est aussi la même chose cette fois-ci. J'ai pourtant essayé. J'aime l'extrême. Alors pourquoi serait-ce différent avec les Anglais ? Sont-ils si « soft » dans leur surabondance de testostérone ? Possopo l'écrivait dans les premières chros du groupe : « on se sent mâle » en écoutant cet amoncellement de hurlements, d'énergie déployée, le genre d'énergie à la SYL, version Black/Grind, donc plus obscure. On se défoule avant toute chose et après, comme une bonne baise sans lendemain, on remballe. Mais après, quel sentiment nous envahit ? Celui de s'être fait séduire pour pas grand-chose ou une défonce complète et paradisiaque ? Il y a deux ans, j'aurais répondu le néant total…

Sauf que cette fois, mon intransigeance envers le groupe a fondu quelque peu. La « faute » à ces putains de riffs supersoniques – black mélodique à plusieurs endroits – en acier trempé que je n'avais pas aimé sur "Constellation", mais qui maintenant me parlent sacrément. Entraînante, tranchante mais mélodique, cette guitare d'Irrumator accomplit un travail de démolition et de séduction assez fort sur "Passion". Des titres comme "Le Diabolique Est l'Ami Du Simple", "Tod Huetet Uebel", la groovy et planante "Drug-Fucking Abomination", "Who Thinks Of The Executioner?" et la très lourde et plus tempérée "Ashes Screaming Silence", valent la peine d'être écoutés et réécoutés, car simples et efficaces. Ils se gravent dans notre disque dur assez rapidement et ne veulent plus en sortir (merde, j'écris ça pour vrai ? ANAAL NATHRAKH ?!)

On oublie même que la batterie n'est qu'une machine sans âme dont l'utilité est secondaire et on pardonne à moitié le fait que V.I.T.R.I.O.L. soit pénible à supporter jusqu'à la fin avec ses cris de mort lancés pour apeurer la plèbe et faire ressortir la grosse bête avide de débilité en nous. Pour vérifier ce fait, je vous invite à vous farcir tous les morceaux – que dis-je, les obus – courts de l'album, soit les imbuvables "Post Traumatic Stress Euphoria", "Portrait Of The Artist" et "Locus Of Damnation". Pour les amateurs, ce ne sera qu'une pièce grind parmi tant d'autres, pour moi, c'est du remplissage et ça vient casser le boulot accompli par le duo sur ses compos plus fouillées.

Derrière cette barrière vocale blindée à la violence pure (samples agressifs et programmations compris), non coupée avec de la fausse came pour sauver de l'argent et berner la clientèle, on peut parfois retrouver le clone de la voix claire d'Ihsahn. Difficile de louper ce détail tellement le maître d'EMPEROR nous a marqué les tympans au fer rouge. Et c'est tant mieux, on ne criera pas au plagiat ici, on l'accueillera les bras ouverts, car c'est une des seules lumières – à part les grattes – dont nous font bénéficier les Anglais avides de Grind/Punk.

Je sais bien qu'ANAAL NATHRAKH a ses irréductibles fans, plus irréductibles que les irréductibles Gaulois, et que mon avis ne pèsera pas très lourd. Car pour eux, le « chaos contrôlé » bien produit d'ANAAL NATHRAKH sera toujours hyper méga puissant et hyper méga cool, ce qui se fait de plus extrême et de mieux dans le « genre ». Mon avis ne sera jamais qu'un mini pavé dans leur mare, qui ne fait pas trop de vagues. Et bien tant mieux pour eux, chacun a droit à sa dose, sauf que moi, je me méfie des seringues souillées.

Mais je dois avouer que…

Dans le fond, ANAAL NATHRAKH c'est pas si mal.