Et le prix du titre le plus absurde de l'année revient à… Sérieusement, après "Demonoir", "Massive Cauldron Of Chaos" ? Après le mal incarné, un album noir et possédé, aussi violent que mélodique, une pastiche à base d'extraits de sorcière passés à la moulinette ? Allons écouter avant de pleurnicher davantage…

Oui, "Demonoir" avait surpris tout le monde, autant les fans que les néophytes, malgré un format d'album peu commun (une courte pièce atmo avant presque chaque morceau). Les Norvégiens de 1349 avaient repris la place qu'ils méritaient parmi le milieu de peloton du Black Metal. Une place enviable qui lui vaut bien des supporteurs. Il fallait donc enchaîner avec un autre brûlot de qualité égale sinon supérieure !

Je dois lever mon chapeau au combo, car au lieu de répéter l'exercice "Demonoir", autant dans la forme que le fond, 1349 a osé braquer à 180 degrés avec un album moins dark, plus accessible et surtout, diablement accrocheur. Imaginez un mélange de vieux SATYRICON, MAYHEM, ENSLAVED (pour la voix surtout) DARKTHRONE (le récent) ou même WATAIN pour le côté mélodique, une pincée de Thrash à la limite du Punk parfois sans jamais sombrer dans la facilité, et vous avez un bon gros "chaudron chaotique". Un disque qui devrait plaire encore plus aux masses que "Demonoir", car tout sur ce "Cauldron..." pue le générique. Et pourtant, ça fonctionne bien et c'est amplement rafraîchissant après leur dernier et brutal effort.

Ce sixième album passe à la vitesse de l'éclair avec ses 38 minutes bien tassées et son rythme effréné. La bouillie ne colle pas au fond du chaudron, ça c'est clair. Et même si le matériel employé sent le passé, autant au niveau de la production que de la musique, la bouillie se laisse manger avec appétit. C'est sans doute là le plus grand accomplissement des Norvégiens, qui, las d'invoquer des démons, ont empoigné leurs flèches de lumière pour éclairer leur pèlerinage d'antéchrist un peu plus. Certains leur en tiendront rigueur, mais moi je les suis à 100%. Il m'est extrêmement difficile de ne pas prendre mon pied avec "Massive Cauldron Of Chaos". Le même genre de trip que m'avait infligé "Circle The Wagons", mais en mieux. C'est raw, basique, mélodique, ça hurle, ça schlingue, c'est direct dans les gencives et ça ne fait aucune concession.

Dernier point en faveur de cet enthousiasme sans cachette : les instruments sont plus en avant, surtout la guitare qui gratte à qui mieux-mieux. On entend aussi très bien les tremblements de la basse, même si les mélodies d'Archaon et la double pédale de Frost prennent souvent le dessus dans ce massacre. Une tuerie sans flafla, qui au final, peut s'avérer un bel hommage au Black scandinave - fin de la première période, début de la deuxième.

1349 ne possède peut-être pas les atouts pour viser le haut du panier, mais son Raw Black bien classique et pas trop alambiqué saura se nicher confortablement dans le coin de vos tympans.

Quatre étoiles donc, méritées en raison d'une prise de risques immense, mais aussi d'une continuité dans la qualité.

Podium : (or) "Exorcism", (argent) "Mengele's", (bronze) "Godslayer".