Pour moi 1349 a toujours été ce groupe informe, identifiable certes mais sans réelle personnalité. Et je ne compte plus les loupés et les rencontres avortées que j’ai eu avec ces Norvégiens depuis leurs débuts. Pourtant sur le papier ce groupe a de sacrés arguments pour me plaire. Oui mais voilà, en reprenant les errements de la discographie du groupe, j’ai comme l’impression de sentir l’odeur des couloirs d’un EHPAD. Ça sent le vieux et l’Alzheimer, ça schlingue le poisson rouge dans le bocal de son UP (ndlr : Unité Protégée). En d’autres termes, je remarque que nombre d’albums depuis un bail – au moins depuis "Revelations Of The Black Flame" (2009) - tournent en rond en sus de nous faire tourner en bourrique inutilement. Alors les mectons qu’est-ce que ça donne ce "The Wolf & The King" avec cette pochette un poil dégueulasse ? Le généraliste est passé à ce qu’on m’a dit. Forcément les traitements ont dû changer… Passons donc dans les chambrées, et croisons les doigts pour que je réentende une introduction démoniaque comme l’a été la superbe "Nekronatalenheten", un titre-phare de l’album le plus considérable : le bien-nommé "Beyond The Apocalypse".

Premier constat, comme à son habitude Frost (SATYRICON, ULVEHINGER) manque à l’appel et continue à s’occuper de cracher du feu dans le parc de l’établissement en récoltant et en bouffant de la luzerne tout en s’occupant de ses fûts en les lustrant encore et encore de manière obsessionnelle. Mais il est, pour le dire courtoisement, nettement moins inspiré sur ce nouvel album. L’était-il sur les précédents ? Moins sûr. Et si l’on continue dans la langue de pute ou la perfidie, passons donc aux riffs de guitare. Et c’est là que le bât blesse. Pas grand-chose à se mettre sous la dent, ça riffe c’est certain mais c’est assez ronflant.

L’album défile sans vraiment attirer l’oreille. Pourtant ça cavale sacrément, et la production bien léchée et carrée laisse entrevoir une belle disposition instrumentale. "Inner Portal" me fait lever un sourcil de par son riffing davantage efficace, tandis que "The Vessel And The Storm" - le titre suivant – me le refait baisser instantanément. Et nous n'en sommes qu’à la moitié de l’album… Non c’est long et fastidieux. Qu’il est lointain le temps belligérant du premier album. Ravn, le chanteur, a pris un peu d’âge à ce que j’entends, il s’est bien assagi et mis à part quelques fulgurances, notamment sur le dernier titre de l’album, sa prestation n’est pas des plus sensationnelles. Il pose sa voix avec un peu d’invectives mais sans jamais emporter les titres de sa démoniaquerie.

Voilà c’est triste mais j’ai déjà un peu tout dit. En partant de cet EHPAD qui pue la pisse et les selles fétides, j’ai le sentiment que je n’y viendrai plus. J’aurais préféré conserver le visage du 1349 d’il y a vingt ans mais trop tard… Le mal est fait. Oh, le quartette va bien encore continuer à s’amuser et à épouvanter les autres résidents, mais les fins connaisseurs que nous sommes ne daigneront plus vraiment trop les visiter. Le cirque est fini. Peut-on espérer un sursaut ou le retour d’un vent de jeunesse, croisons les doigts mais les chances sont minces… "The Wolf & The King", avec sa pochette un poil risible, ira rejoindre pour ma part le vide des abîmes. Dans le barème de notation de NIME, l’album dit « mauvais » est coté 1/5. Ceci explique cela, ne m’en voulez pas, je vous rends un service.

Note réelle : 1,5/5.