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DIRGE - Down, Last Level (1998)
Par ENENRA le 13 Août 2012          Consultée 2354 fois

Il faut bien se rendre à l'évidence, si la France rayonne métalliquement parlant à l'internationale c'est bien grâce aux genres les plus extrêmes : Black, Death, Brutal Death. On connait tous ces groupes remplis de talent, et parfois même de génie, qui arrivent à nous fournir une musique extrême, touffue, riche et captivante. Quand on sort de ses genres sans concessions il n'y a plus grand monde de connus. Et encore moins dans les genres les plus lents : Doom et Sludge (qu'il soit atmosphérique ou non).

Cela dit dans cette petite poignée d'actif, DIRGE, puisque c'est de lui qu'il est question dans cette chronique, a réussi au fil des années à gagner un public et un capital sympathie qui n'est pas des moindres. En bon rat de discographie (j'ai le copyright, trop tard), homme curieux et surtout maniaque, j'ai fait un voyage dans le passé et me suis penché sur les deux premiers albums de DIRGE, assez inconnu de leur public. Force est de constater que c'est compréhensible...

Non pas que "Down, Last Level" soit un mauvais album. Il est juste un peu faiblard, un peu inconsistant dirons-nous. DIRGE puise déjà son influence première des américains de NEUROSIS, groupe phare du Sludge Atmosphérique puisqu'ils en sont les parrains (1992, naissance du style), ce qui est assez compréhensible puisque l'ordre logique des choses voudraient qu'un groupe commence avec des influences marquées puis s'en éloignent petit à petit (une porte ouverte d'enfoncée, une !). On remarquera qu'avec DIRGE, on est jamais très loin de la musique apocalyptique des originaires d'Oakland.

Au dessus de cette influence première, le groupe vient greffer une originalité qui n'est pas des moindres : des éléments et une dynamique orientés musiques Industrielles. Il en résulte un disque froid aux nombreux tintements et bruitages (l'introduction du second morceau "Side" qui fait penser à une forge) répétitifs et bruts. J'insiste sur le côté totalement glacial de la musique du combo Français. Ici tout n'est que fer froid, poutre d'acier trempé, machine en mouvement perpétuel, cycle continu de chocs et de lourds fracas. La basse laboure le terrain avant que le riff ne se fasse plus gras et pesant et libère toute sa puissance destructrice (la fin de "Side")

Le groupe parisien a également comme spécificité sur son premier album de garnir sa musique d'une masse assez importante de samples. Que ce soit des bouts de musique, ce qui amène à des moments assez insolites (l'introduction de "God Cut My Legs" sur laquelle j'identifie un banjo, si je ne m'égare), ou de voix (le second sample beaucoup plus sombre qui "mange" progressivement celui de banjo et qui nous répète en boucle "To turn this great destructive force into something good for mankind". Quand je vous disais glacial, maintenant c'est nucléaire !). Fort heureusement je suis très client de ce genre d'ajout dans la musique d'un groupe. Selon moi ils apportent une atmosphère supplémentaire aux morceaux et une touche d'immobilité (dans le cas des voix parlées) imperturbable à un tout mouvant et déchainé. Quand en plus le choix de ces samples concernant leur origine et leur emplacement dans les titres est vraiment bien pensé, il y a vraiment moyen de faire quelque chose de terrible. Ce "We are here to make a choice between the quick and the dead. That is our business", tiré d'un discours de Bernard Baruch lors du "Baruch Plan" au sujet principalement de l'armement nucléaire, arrivant juste avant plusieurs déflagrations de notes monstrueuses et implacables. Voilà la réelle force de la chose, l'explosion, la neutralité dans le chaos. En outre plus loin dans la chanson, on pourra remarquer des cris chargés d'échos qui font penser sur les bords à ceux que l'ont peut entendre sur l'album "Streetcleaner" de GODFLESH. Sans parler du moment apocalyptique et claustrophobique sur "Rain From The Core" renforcé par un sample extrait du film "L'echelle de Jacob" d'Adrian Lyne.

Si samples il y a, cela n'empêche pas les chanteurs (j'ai personnellement toujours cru qu'il n'y en avait qu'un jusqu'à ce jour) de larguer leurs textes avec la plus grande des conviction. A la manière d'un Scott Kelly certes, mais je vous l'ai déjà dit : la plus grosse influence du groupe est NEUROSIS, et quand je dis "grosse", il faut lire "immense", "worship". Toutefois la touche industrielle est là, le plagiat est donc évité, on garde juste un fort parfum dans la bouche, mais rien qui nous empêche de profiter de cet album d'un bout à l'autre. Enfin, rien... Si il y a un défaut majeur : la dernière piste. 19 minutes et 21 secondes dont 12:15 de Drone... Un son qui a l'air de provenir directement d'une énorme bâtisse de fer qui se mettrait tout à coup à trembler et raisonner. Dans le fond, ce n'est pas désagréable. Mais douze minutes, bon sang ! Pourquoi ?! Le même motif qui dure 10 secondes répété à l'infini (soit 73 fois). Heureusement le morceau prend une autre tournure par la suite en se transformant en un magma de notes qui commence lentement et de manière aérée (avec même un petit passage à la trompette) avant de partir dans une lente montée en puissance au rythme des bruitages industriels et de la batterie synthétique (qui n'est néanmoins pas déplaisante tout au long de l'album).

DIRGE avec son premier album réalise une musique certes un peu cheap, surtout du à une prod' un brin poussiéreuse, mais plein de charmes. L'envie est palpable ici et même si le groupe ne cache à personne ses influences principales, il dégage une véritable atmosphère et a ainsi un cachet particulièrement spécial. Ainsi je m'en vais donc être clément (et Michel aussi oui, si vous voulez, je suis polyvalent) et arrondir ma note bancale au supérieur. Le principal soucis de cet album n'est pas pour moi le côté "repompe", puisque le groupe sait agrémenter sa recette d'ajouts industriels (bien que très GODFLESHiens, repompe aussi à ce niveau-là diront certains), mais bien le (bien trop long) dernier morceau qui n'apporte pas grand chose, voire même rien du tout... Un gros EP de trente minutes aurait été très bon !
Bref, DIRGE est quand même, en 1998, alors que le Sludge Atmosphérique n'en est qu'à l'état de larve (mais quelle larve, NEUROSIS a déjà livré ses trois chef d’œuvres), un groupe prometteur à l'énorme potentiel. Dès ce premier album on sent qu'on devra compter sur lui à l'avenir dans le paysage Sludge français, car il sait bien manier ses armes.


There is no out of here. You've been killed, don't you remember ?

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- Marc T. (guitare, chant, programmation)
- David K. (basse, chant)
- Franck T. (guitare)


1. Dll
2. Side
3. God Cut My Legs
4. Rain From The Core
5. Weak



             



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