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DIRGE - Lost Empyrean (2018)
Par ISAACRUDER le 14 Janvier 2019          Consultée 5165 fois

DIRGE fait partie de ces groupes qui passent sous les radars depuis maintes années maintenant, et ce serait un euphémisme que de qualifier cette indifférence de crime. La scène française a malheureusement tendance à se réfugier dans les facilités aberrantes que sont CELESTE et cie, préférant une noirceur factice à des tentatives réelles de création artistique. DIRGE est un de ces joyaux nationaux injustement ignoré, du haut de ses sept albums, tous travaillés avec une précision stupéfiante. À l'heure où COMITY a décidé de splitter, lui aussi victime d'une ignorance infecte, il serait bon d'envoyer au placard nombre de guignols qui surfent sur la vague nihilisto-macabre et de louer l'orfèvrerie véritable ! La récente signature de DIRGE sur Debemur Productions aura, je l'espère, un effet positif sur la visibilité d'un groupe qui mérite les éloges de la scène.

Il était selon moi difficile d'égaler "Wings Of Lead Over Dormant Seas" et pourtant DIRGE l'a surpassé. "Lost Empyrean", objet de cette critique, est un album somptueux. Les Parisiens y perpétuent leur Post-Hardcore massif, leur chant descendu des tréfonds de l'espace et leurs ambiances stellaires, mais gagnent en qualité de composition, en riffs mémorables et en atmosphères fines. CULT OF LUNA est passé par là, "Lost Empyrean" en emprunte les tentatives fructueuses, tels ces claviers qui forment la toile de fond épique et tragique de la narration. Le chant clair, superbe addition, accentue le sentiment d'apesanteur, comme sur "Hosea 8:7", progression impériale de l'Homme vers les confins reculées de l'Espace Infini. "Lost Empyrean" est, à bien des égards, la bande-son d'un explorateur spatial. Un voyage à la "Interstellar", où le silence accompagne la Mort imminente du pèlerin esseulé, où l'Homme redécouvre sa petitesse dans ce voile spectral qui forme notre Univers. Le titre éponyme, monument tragique, est bâti comme en suspension, le riff Rock d'entrée se joint aux notes fugaces semblant décrire l'isolement du voyageur cosmique, à la fois environné par la beauté de l'Espace et plus que jamais isolé. Véritable chef d'oeuvre de construction musicale, "Lost Empyrean" révèle toutes les qualités de cet album, qui alterne entre moments de bravoure épiques (le riff central du titre éponyme) et puissance tragique.

Le chant clair, audacieux, renforce la force évocatrice d'un périple ontologique. "A Sea Of Light", incroyable, figée en apesanteur, sublime la progression d'un album qui connaît plusieurs moments de noirceur, là où le doute habite le Premier Homme dans sa conquête de l'immense. Ainsi, "Algid Troy" et "The Burden Of Almost" forment-ils deux morceaux d'un même diptyque ténébreux. Le tempo y est plus lourd, la peur de la Création plus intense, le tragos pénétrant. Un tragos qui éclate en plein vol lors de "A Sea Of Light" donc, expurgation totale des émotions négatives dans un maelstrom incandescent, explosion de lumière aveuglante, découverte terrifiante et magnifique d'une civilisation grandiose, perdue dans les abîmes d'une galaxie éloignée. Un titre qui aurait pu faire un final renversant, mais que "Sarracenia" complète incroyablement bien, avec ses ambiances inquiétantes et son final apaisé, aux chœurs d'anges célébrant la Création divine, comme s'il ne restait plus que la peinture incroyable d'un monde en devenir.

Quand "Lost Empyrean" se termine, il nous semble avoir traversé le temps et l'espace en quête d'une Vérité que l'on sait avoir trouvée durant un instant éphémère. Une vérité que l'on retrouve à chaque écoute, car ce nouvel album de DIRGE a réussi à pénétrer l'essence même de l'Art : le Beau. "Lost Empyrean" est, à l'instar du grand album qu'est "Vertikal", une pièce d'orfèvre, travaillée avec finesse, dans un atelier obscur, où s'agite dans un coin la lueur d'une bougie, seul repère lumineux dans un océan de ténèbres. Une lumière infime, qui parait pourtant transcender toute chose durant "Lost Empyrean", sublime contre-pouvoir à l'obsession morbide de notre temps.

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   (2 chroniques)



- Luz (basse)
- Marc T. (chant, guitare, claviers)
- Alain B. (batterie)
- Stéphane L. (guitare)


1. Wingless Multitudes
2. Hosea 8:7
3. Algid Troy
4. The Burden Of Almost
5. Lost Empyrean
6. A Sea Of Light
7. Sarracenia



             



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