Difficile d’écrire sur DIRGE : le groupe parisien nous a habitué à des œuvres complexes, raffinées, considérées à juste titre comme des marques d’excellence dans la sphère du Post Hardcore. Pourtant, le groupe n’a certainement pas eu la reconnaissance qu’il mérite…
Écrire sur cet album est d’autant plus ardu qu’il s’agit du dernier du groupe, un quart de siècle après sa création, en 1994. L’annonce de sa séparation sur leur site officiel agit à la fois comme une blessure et comme une promesse : avec "Lost Empyrean", le groupe a le sentiment d’avoir atteint le faîte de son processus de création artistique. D’abord, il faut saluer leur honnêteté intellectuelle et leur choix, regrettable mais courageux, de « ne pas faire l’album de trop ». Puis, sans s’attarder sur l’analyse détaillée de cet ultime album, il faut bien avouer que "Lost Empyrean" semble bien constituer la quintessence du parcours du groupe, sa substance subtile, à la fois le liant et l’aboutissement de leur carrière.

L’album s’inscrit dans la droite lignée de "Hyperion", album sorti en 2014 (l’EP "Alma Baltica", de 2017, est une parenthèse expérimentale). "Lost Empyrean" offre une invitation au voyage : à la fois poétique et métaphysique, il est porté par des paroles inspirées des mythes anciens et de rêveries cosmiques, offrant quelques saillies en français ("Algid Troy"). L’album est parfaitement équilibré, et ce dans toutes ses dimensions : dans l’alternance de chant clair et de growl ; entre les riffs puissants et les atmosphères planantes (chœurs, nappes de synthé) ; entre les phases instrumentales et les phases chantées. Le titre éponyme est en la parfaite illustration, avant les sublimes "A Sea Of Light" et "Sarracenia", points d’orgue, donc, de l’immixtion de DIRGE dans la finitude de nos existences. Du grand Art.
"Lost Empyrean" nous offre une heure d’éternité pour profiter, une dernière fois, de toute la force créatrice du groupe.
Respect. Et bon vent.