Dans le petit monde du Death Old School, la règle immuable est que tout groupe désormais culte a sorti du premier coup le meilleur album de toute sa carrière. Que ce soit UNLEASHED, DISMEMBER, GRAVE, DEMILICH et j'en passe et des meilleures. Par contre, en Death Mélo c'est l'inverse, quelques ratés avant de nous envoyer le classique.
Et du coup, de quel côté de la force va se situer EDGE OF SANITY, qui a fait du Death Old School avant de devenir le fer de lance du Death Mélodique Suédois, mais ne venant quand même pas de Gothenburg ? Eh ben... Pas de bol, mais s'il ne devait en rester qu'un, ce serait sûrement pas ce premier essai.

Eh oui, pas la peine de s'attendre à une perle ultime de leads et mélodies poignants typiques du triptyque gagnant "Spectral Sorrows"-"Purgatory"-"Crimson", le premier effort studio de toute la vie de Dan Swanö (!) donne dans le Death Metal Old Swedish Skull brut de décoffrage. N'attendez pas une seule note de chant clair ou lead mélodique à vous en tirer les larmichettes, va falloir patienter encore un peu. Et c'est bien ? Ben vous avez déjà vu qu'il manque quelques points avant même de cliquer sur la pochette, vous serez donc pas surpris du verdict. J'ai même longuement hésité à coller 1/5 pour tout vous dire.

Par où ça pèche donc ? Tout d'abord, il faut savoir que la personnalité de la formation n'est pas franchement marquée pour le moment. On a même une désagréable impression d'écouter un CARNAGE du pauvre, formation que je considère déjà comme un brouillon de DISMEMBER... Parce que si tout commence par un "Tales..." honnête dans son rôle d'opener et parvenant à distiller une ambiance froide par ses riffs bien trempés, le souffle divin s’essouffle bien trop vite. Et non, ce n'est pas la faute à la production manquant cruellement de lipides, bien que le son totalement aride de la batterie n'aide en rien. Ce n'est pas non plus Swanö, qui se débrouille déjà bien derrière son micro, même si son guttural terrifiant n'est pas encore au point. Le problème vient surtout du niveau d'inspiration.

Parce que si "Tales..." reste solidement bâtie, absolument aucune raison de faire durer tout ça plus de 6 minutes. "Human Aberration", la brutale "The Dead" ou la bien plus groovy "Impulsive Necroplasma" tirent le tout vers le haut, prouvant que le côté Death'n'roll reste ce que le combo maîtrise le mieux. Mais dès qu'un semblant d'ambiance tente d'être instauré, tout se pète la gueule. Bon sang, mais ce que "Maze Of Existence" peut être pourrie, juste incroyable. Le mid tempo foiré par excellence, entre riffs totalement moisis (l'intro est à pisser de rire) et passages posés d'un chiant épique, et ce n'est pas les quatre notes de clavier ultra kitsch de la fin qui vont relever la sauce.

Franchement dommage que sur ce premier effort sentant la spontanéité, la jeunesse et la scène émergente, autant d'accent soit mis sur une ambiance en plastique. Un peu comme la pochette tenant plus de l’œuvre d'un gamin qui recopie un vrai tableau avec des pastelles que d'une illustration potable. Les magnifiques peintures à venir (avec même du Dan Seagrave inside) se font attendre. Et le redoutable talent de compositeur du leader que l'on ne nomme plus également. Car non, "Nothing But Death Remains" n'est pas un mauvais album. Il est juste à l'image de la doublette "Decepted By The Cross"-"Angel Of Distress" : il s'écoute tout seul sans qu'on le remarque et sa sortie n'a jamais été marquée d'une pierre jaune fluo. Hélas, on se demande pas vraiment pourquoi.

Oui, des débuts un poil laborieux, encore trop sous influences, mais laissant parfois, au détour d'une ligne de guitare plus mélodique qui nous saute aux oreilles, entrevoir un avenir radieux pour une formation qui en veut. Juste dommage que pour l'heure, la future influence soit encore trop sous influence et dépassée par la rude concurrence des pointures du style qui n'ont alors jamais volé aussi haut.

"Insérez ce que vous voulez" : EOS à l'époque de la personnalité Zéro, c'est cool à écouter, mais je vois franchement pas qui serait intéressé... Concentrez-vous sur les quatre suivants plutôt.

1,5/5 parce que je suis méchant, arrondi à 2 parce qu'en fait je suis pas si méchant.