Ah que c'est facile de casser du sucre sur le dos d'un genre. Le Deathcore est actuellement la cible privilégiée d'absolument tout le monde ou presque. En même temps on peut pas dire que le genre ne passe pas son temps à se tirer des balles dans ce qu'il lui reste de pieds : groupes tous plus bas du front, crétins voire racoleurs les uns que les autres, repompes à tout va, puissance factice et des ficelles grosses comme des colonnes corinthiennes. Les groupes de qualité se font rares et seraient presque précieux si le ras-le-bol généré par le genre dans son ensemble n'était pas aussi intense (au hasard, AFTER THE BURIAL, un peu de DESPISED ICON et évidemment le patron DYING FETUS). Pourquoi je parles de ça ? FALLUJAH a plus ou moins fait du Deathcore sur son EP "Leper Colony". Totalement hybride mais Deathcore quand même, pour le meilleur et pour le pire. Mais ce penchant a quasiment totalement disparu sur "The Harvest Womb", pour un résultat encore plus détonnant. Fin des appréhensions, place à la révélation.

Pourtant le produit -corisé chic se présentait bien comme il faut. Surtout la pochette typée qui fait carrément penser à BORN OF OSIRIS. Mais les concepts philoso-branlette avec les phrases de Nietzche ou Anton Szandor Lavey (Trve certificate) dans le livret bariolé, avec leurs tronches de beaux bruns ténébreux Progeux mettent quand même la puce à l'oreille. Et double claque aller-retour dans la gueule du connard plein de préjugés que j'ai été, cet "Harvest Womb" vient encore chambouler mon bilan 2011, qui ressemble du coup absolument plus à rien.

Dans quel style les ranger cette fois ? La dominante est au Death Technique mélodieux et Brutal comme le fait DECREPIT BIRTH, le tout coloré de grands coups Black Mélo de l'espace avec une touche discrète de -core qui relève un peu le goût. Et quand je parle de -core c'est plus pour le côté outrageusement moderne et Math/Post (gné?) qu'autre chose, sachant qu'il n'y a pas le moindre breakdown de tout l'album et qu'on doit avoir à tout casser deux moshpart (quelques petits coups discrets sur "Cerebral Hybridization" et "The Flame Surreal" et on remballe). Mais non, on a surtout une énergie folle avec un niveau de brutalité élevé lié à un tempo soutenu par une batterie totalement surproduite (le point noir selon moi) dans les élans les plus Death, voire Brutal ("Ritual Of Godflesh" ou le titre le plus bourrin de l'album) ramenant du côté de HOUR OF PENANCE. Mais ce n'est que pour porter toute une ribambelle de mélodies enchanteresses. Et à ce niveau là on est servi, absolument tous les morceaux étant truffés de leads cosmiques ultra-mélodiques et techniques d'un bout à l'autre. Riffs ultra fouillés tissant une toile sonore d'une richesse incroyable sans le moindre temps mort, comme justement DECREPIT BIRTH et OBSCURA, avec une touche personnelle dans les mélodies toujours aussi planantes que complexes, véritable torrent de notes claires agencées à la perfection. Petit coup de cœur pour "Prison Of The Mind" sur ce plan, qui accroche dès le tout début.

Oui, ces guitares d'une pureté bluffante et effectuant un véritable travail d'orfèvre au millimètre près sont le véritable atout du combo qui l'a bien compris. Les soli sont également nombreux (purée je dirais au moins 3 par morceaux) et sont situés dans des tons et des sonorités stratosphériques à la MITHRAS tout en ayant le feeling cristallin que pouvait afficher SOILWORK sur son "Natural Born Chaos". Avouez qu'on a vu pire, et même qu'on a rarement vu mieux. Avec un coup de cœur total et irréversible aux joutes guitaristiques cosmiques de "Enslaved Eternal Phenomenon" qui laissent la bave aux lèvres, tout comme la virée spatiale de "Become One". En résulte un album principalement instrumental, le chanteur sachant ne pas se montrer trop bavard en laissant respirer les déferlantes mélodiques quand il le faut. Même si ses growls puissants et propres sont également un atout de choix, couplé à des hurlements décharnés sur les passages les plus typés Black de l'album ("Hallucination", "Cerebral Hybridization", "Alpha Incipient" et son riff froid qui prend aux tripes) qui se fondent merveilleusement bien dans l'ambiance cosmique et profonde donnée à la galette. Les deux instrumentaux donnent également à ce gaillard l'occasion de se reposer en laissant le potentiel incroyable des guitaristes s'exprimer, "The Flame Surreal" expérimentant dans tous les sens pour un résultat bluffant de feeling propre et le titre éponyme jouant la carte du plus simpliste et épique en renvoyant au jouissif "Chant For Ezkaton 2000" de BEHEMOTH dans ses sonorités épiques et grandioses !

Dur dur de ne pas tomber totalement amoureux d'un tel album. Et justice a été faite, cette nouvelle sortie de chez Unique Leader n'étant absolument pas passée inaperçue. Un travail précis, entièrement maîtrisé et façonné dans le Metal le plus pur, vigoureux mais incroyablement mélodique, nous envoyant des notes de toutes les couleurs dans toutes les directions jusqu'à faire planer comme ça devrait pas être permis. Un album de Metal Extrême polymorphe tirant le meilleur de ses inspirations. Coup de chapeau de votre serviteur, magnifique pépite qui ne peut selon moi que faire l'unanimité.

Moisson Fœtale : Une tuerie de Metal Extrême ultra-mélodique et chiadé d'une beauté n'ayant d'égal que son punch et sa pureté absolue. Que demande le peuple ?

4,5/5.