EDGE OF SANITY, groupe injustement oublié. Bordel, tout le monde connaît l'hyperactif Dan Swanö, mais pas le groupe dont il est issu. Enfin si. De réputation, de nom, entendu parler de "Crimson", p'têt même écouté une fois, et c'est tout. Et si ce même groupe a été une énorme pointe en matière de Death, Old School et Mélodique, c'est quand même un comble.
Bref, le premier album était tout de même franchement pas terrible malgré quelques qualités. A partir de "Unorthodox", on entre enfin dans la tétralogie magique de la formation. Enfin presque. Parlons plutôt de trilogie agrandie...

Aïe ça commence mal. Déjà que je me mets à dire des trucs pas gentils. Bon, on va commencer par le formel. Une belle pochette qui contraste avec l'horreur précédente, une production nettement plus fignolée, on est dans le positif. Voilà, le passage obligatoire et chiant est passé, place aux compositions. "Unorthodox" est un demi-chef d'oeuvre. C'est à dire que c'est un album tout à fait honnête dont le jugement est revu à la hausse vu qu'il y a "Enigma" dedans.

Car oui, à la suite de l'intro éponyme, "Enigma" est la première véritable composition du EDGE OF SANITY dont on se souvient encore. L'ambitieux, le mémorable. Le truc se présente comme une suite en 3 axes sur une durée de 7 minutes, débute par du violoncelle, comprend la toute première ligne de chant clair de la vie de Dan (!) qui est au passage somptueuse et aligne gros passages Death'n'roll qui font remuer la tignasses à lead uniques, mélodiques et envoûtantes. En clair, c'est une tuerie encore actuellement reconnue comme un des grands morceaux de bravoure de la formation et de l'époque. Un album qui démarre en trombe, dresse haut le zizi de l'auditeur et servant de bande annonce au futur de la formation. Et il est fort dommage que "Unorthodox" ne ressemble globalement pas un peu plus à "Enigma".

La suite reprend les bases de "Nothing But Death Remains" en mélo-brutalisant encore plus le tout. Un pur Death Old School Suédois bovins et brutal que des élans mélodiques viennent néanmoins contrebalancer. La formation cogne plus fort que jamais, va plus vite, tranche à grands coups de riffs tronçonneuse et le guttural de Dan a fait de gros progrès. "Incipience To The Butchery", "Beyond The Unknown", "The Day Of Maturity", au revoir la subtilité, bonjour le headbang. Mais si ces élans bourrins sont mieux maîtrisés, ils n'en demeurent pas franchement le plus gros point fort du groupe. Non, ce sacro-saint point fort s'exprime par exemple sur la tuerie "In The Veins / Darker Than Black" : des lignes mélodiques simples qui débarquent en plein milieu pour changer la donne et se graver dans notre crâne à jamais ! Le propos commence également à se varier et multiplier les influences. Les riffs Thrash se croisent souvent au détours d'une accélération, on a pas mal de ressorties Doomies plus ambiancées, une interlude acoustique, un break aux claviers de maison hantée sur "Dead But Dreaming" suivi d'un joli solo... Et un titre final de toute beauté avec du piano trojoli et des growls tout mignons.

Oui mais. Mais c'est globalement beaucoup trop long pour ce qu'il y a à dire. Le milieu de l'album en est même parfois pénible. Et les titres les plus lents sont les moins bien foutus. Incroyable comment "Everlasting" porte bien son nom tellement ça tourne en rond. Étrange cas que ce "Nocturnal" foireux et ses deux premières minutes ultra basiques toutes daubées. Et pourquoi plomber le bien entraînant et massif "Cold Sun" par des mélodies aussi moches ? C'est cool de faire varier son album pour le rendre plus digeste, mais bon sang faut aussi que ce soit bien fait...

"Unorthodox" marque une transition. Coincé entre deux périodes, le Death Old School bateau et le Death Mélo de génie. En résulte un mélange parfois harmonieux qui donne vie à une véritable perle ("Enigma", pour ceux qui ont la flemme de lire la chronique en entier) ainsi qu'à quelques autres jolies pépites, mais se révèle assez inégal et a du mal à tenir la longueur, se cassant carrément la gueule en certains points. Il n’empêche que ce premier véritable album de l'EDGE OF SANITY que l'on doit connaître reste agréable à l'écoute et ne ferait tâche dans aucune discographie.

Miaou : Les choses sérieuses débutent, on est fins prêts à lancer en orbite l'opus ultime...