C'est un truc de fou ça. Les Cthulhu sur les pochettes, c'est un putain de gage de qualité. Dés que tu mets un Cthulhu, ben ça bute. J'ai pas de contre-exemples là. Évidement je vais citer à l'appui des trucs comme SULPHUR AEON, PUTERAEON ou encore CATACOMBS. Et maintenant on peut encore rajouter AZRATH XI à la liste. Sérieux, c'est magique tout ça. Je vais m'enregistrer en train de déclamer des blagues Carambar avec du pitchshifter, sortir ça distcretos sur internet, et rajoute un vieux Cthulhu dessiné au crayon pour illustrer. C'est obligé il va se passer un truc bizarre, genre un grand ancien qui sort de la mer et qui rejoue la musique à ta place en version qui surbutte parce qu'il aime pas qu'on salisse son image. M'enfin, c'est qu'une théorie.

On va alors faire les présentations, de quoi qui se cache derrière cette pochette assez somptueuse. AZRATH XI est le projet d'un certain Asmodeus, qui a fait de la batterie un peu partout dans toute la Pologne et est actuellement chez LOST SOUL (la classe hein). Pour réaliser ça, il s'est plutôt bien entouré, entre un chanteur de chez KARNAK et d'autres musiciens que je vais pas faire semblant d'avoir entendu parler des groupes dans lesquels ils ont officié parce que ça serait faux, allez voir sur Metal Archives c'est mieux. Et donc si on réunit tout ce beau monde ensemble pour faire du bruit, le résultat c'est quoi ? Ben ça donne l'album présent, deuxième full-length de la formation, et c'est une jolie mandale dans la tronche.

Vous venez de voir l'étiquette Death/Black, mais c'est assez trompeur. Rien à voir avec les conneries ultra houleuses façon PORTAL, NECROBLOOD, PSEUDOGOD et tout ce joyeux foutoir. Et c'est pas non plus du BEHEMOTH. Enfin, c'en est déjà plus proche, mais c'est encore plus couillu. On va dire que c'est du gros Brutal Death tirant pas mal de riffs, et d'ambiances du Black Metal assez moderne. En gros, ça défonce grave, ça va vite, ça tape fort avec une production nucléaire au possible comme seuls ces putains de Polonais savent faire, et c'est tout simplement jouissif. Vous aussi vous avez remarqué que le nom du groupe ressemble pas mal à AZARATH, et c'est pas pour rien vu que la musique jouée ressemble à un mélange entre le dernier album du groupe, le démentiel "Blasphemer's Maledictions", et FLESHGOD APOCALYPSE. Urgh, dit comme ça ça fait mal.

Donc, grosse batterie qui fonce et qui écrase tout sous la double et les blasts qu'on croirait presque entendre Inferno, riffs tordus et froids mais souvent in-your-face, et un chant qui part dans tous les sens. Et qui passe son temps à réveiller Howard Phillips aussi. On va commencer par parler de ce chant tiens. Bien évidement, la plupart du temps on a une grosse voix Death couillue à mort qui arrache tout, avec aussi quelques incursions criardes Black mais surtout un chant clair. Enfin clair... Disons incantations hurlées à pleins poumons de manière cristalline et possédée... qui ne serait pas du tout du chant clair si le reste du chant n'était pas extrême : on en relativise la mélodie par la brutalité ambiante d'un niveau incroyablement élevé. Toujours au second plan, venant renforcer les refrains de tueurs de titres comme "Enraging The Waters Spirit" ou l'énormissime "Malestrom Descent", fredonnant une tendre mélopée sur "Sunset Of The Abysmal Embrace" ou encore invoquant le Grand Ancien des profondeurs dans la fin ultra fédératrice et lourde de "He Who Dwells In The Depth". Ambiance et frissons garantis.

Et au fond, heureusement qu'on a ces quelques bouffées d'oxygène, parce qu'en dehors ça déconne pas. Purée comment que ça démonte. Vous écoutez "Enraging The Waters Spirit" et vous avez un résumé de l'album, avec sa brutalité mystique et étouffante de par ses riffs tordus mais mélodiques d'une certaine manière, et d'une efficacité énorme. AZRATH XI défonce tout sur son passage et oublie pas d'offrir les survivants en sacrifice à un truc géant impossible à anticiper pour un esprit mortel. Et l'album se permet d'être méga varié et de sans cesse rajouter un petit truc qui te fracasse la tronche un tout petit peu plus. La petite mélodie qui tue et qui te scotche direct ("Domination Ov The Streams"), le gros pilonnage qui laisse sur le carreau tellement c'est beau d'être bourrin, le gros tube qui va te faire massacrer les hérétiques à la masse qui déboule de nulle part avec ses riffs conquérants et ses chœurs enivrants sur un riffing totalement Black Metal (je pense à "Surge"), et on finit l'album totalement vidé, la tête qui tourne devant cette débauche de bourrinage toute Polonaise bien mise en valeur comme il faut.
Et on a encore la fin scandée de "He Who Dwells In The Depths" qui résonne dans la tête qu'on se bouffe une reprise de MORBID ANGEL pour finir en beauté... Avec la tuerie live que je trouve un peu chiante en studio "Gods Of Emptiness", bien exécutée mais mal choisie, l'excès de dissonance de ces riffs souterrains gavant ici beaucoup, tout comme le chant qui ressemble à rien du tout avec cet espèce de parlé guttural foireux.

Mais qu'on ne s'y méprenne pas, malgré cette faute de goût finale (et je pense que vous serez nombreux à contester ces paroles), "Of Tentacles And Spirals" est une tuerie intégrale. Quelque part entre AZARATH, HOUR OF PENANCE et SULPHUR AEON, l'album rêvé pour se manger des gros blocs de roches marines maudites dans la face par paquets. Après, il faut l'avouer, au final y'a rien de bien novateur là-dedans. Ce genre de riffs, on les a déjà vus, cette production aussi, tout comme cette débauche de brutalité et ces gimmicks vocaux. Mais ptêt pas tous réunis. Et si c'est le cas, prière de me dire chez quel groupe, parce que ça m'intéresse.
En attendant, dites vous que si cet album n'est pas en Sélection du Site, c'est parce que la file d'attente était déjà trop longue en ce début de bientôt l'été 2013, et uniquement pour ça.

Fhtagn : moi, cet album, je l'aurais appelé "Panzer Division Cthulhu". Je pense que ça devrait suffire.

4,5/5