Quand on y réfléchit deux secondes, le début de carrière de THY CATAFALQUE est comme le freejazz : y faut sacrément aimer ça pour lui prêter ses oreilles.

Malgré sa grosse bedaine et son allure repoussante, ce deuxième album gargantuesque (en durée) de THY CATAFALQUE est bel et bien encore un microcosme. Pourquoi « encore » ? Parce que l'évolution depuis le premier album, "Sublunary Tragedies", est faible bien que palpable. Et pourquoi "Microcosmos" porte-t-il si bien son nom ? Car c'est une fois de plus le bordel pendant 73 minutes dans ce cocon frigide, c'est foutraque et ça n'a pas grand' bon sens. Prenez des idées, foutez-les dans un chapeau, brassez, tirez au hasard et composez avec ce que vous aurez trouvé, guidé par la passion et non un esprit un brin cartésien. L'univers des quatre premières années d'existence d'un des combos les plus surprenants en Black avant-gardiste vous sera ouvert.

Si on décortique ce fatras incompréhensible, les moments les plus accessibles et agréables se trouvent dans les « aérations », bridges ambiants où violon, flûte, clavier tranquille et samples psychotiques vous attendent pour un repos bien mérité. Quand vous êtes dans cette bulle claire, rien ne vous effraie, THY CATAFALQUE a le sens de l'instrumental enrichie, on le verra dans le futur et surtout sur le prochain album, plus ambiant qu'autre chose. On se sent bien, à l'abri, on a chaud, les Hongrois savent comment nous hameçonner, leurs airs à cheval entre les chaufferies du Diable et la voûte céleste sont d'une profondeur appréciable. Ils valent à eux seuls le détour, car ils montrent que le duo est avant tout guidé par les émotions que dégage sa musique. Bien que ces dernières ne soient pas évidentes à cerner, car les thèmes exploités restent flous.

Ah, l'avant-gardisme, ça vous donne le droit de placarder des morceaux de 9 minutes tels que "Panta Rhei" sans une once de Metal sur un album de… Metal. Ou de diviser une pièce en deux parties distinctes ("The Sileni And Sylvans And Fauns") : 4 minutes de Black déjanté et 4 minutes d'atmosphérique ne s'y rattachant aucunement. Il est évident que cette dichotomie est l'ultime signal que le groupe tentait de s'orienter dans une forêt artificielle que son imagination fertile et troublée avait générée. C'est presque touchant quand on range nos couteaux et qu'on examine le tout humainement...

Mais il ne faut pas laisser notre cœur prendre le dessus, car pour le reste, on a droit à un Black de pauvre qualité, notamment cassé par deux exécrables instruments : la foutue batterie électronique, cette dactylo infernale tamponnant notre patience en manque de papier, et la voix criarde perdue dans un mix inefficient. Et de toute manière, elle est si affreuse cette voix qu'on est heureux qu'elle brûle dans l'âtre. Soulignons tout de même que la basse est audible et passablement influente et que les guitares, bien qu'encore apparentées à des poules sans tête, sont plus précises que deux ans auparavant. THY CATAFALQUE a toujours su s'améliorer, comme en fait foi la notation « en escalier » de ses quatre albums ! Signe d'un groupe de qualité prêchant la « bonne vieille façon de grandir ». Remarquez que les Hongrois ne pourraient plus se permettre ce luxe aujourd'hui, ils devraient enfoncer le clou dès le premier album pour avoir une mince chance de survie.

Si on devait scinder cet album en deux, on retrouverait bizarrement deux groupes : celui qui a déniché déjà une myriade d'atmosphères captivantes (la plupart des pavés de "Microcosmos" en est témoin, mes préférés étant "Deadless Souls Roam" et "These Are The Clouds") mariant l'électro et le folk, et celui qui « essaie » d'effrayer la plèbe avec un gros son fuzzé typé Black où des claviers nerveux viennent souvent foutre le bordel. La demi-lune la plus scintillante n'est pas difficile à choisir et THY CATAFALQUE lui-même nous fournira la réponse en 2004, avant de prendre position pour de bon avec "Roka Hasa Radio". La dernière plage ambio de 15 minutes, "Desolatio" agissait ainsi en en-cas pour ce qui suivra.

À écouter seul de préférence, pour ne pas vous péter la honte éternelle devant vos copains, surtout si vous êtes du genre à aimer le genre de niaiserie qu'est "Micro To Macro". Si vous voulez absolument leur faire découvrir le groupe, une seule option possible : "Roka Hasa Radio", bien que "Tuno Ido Tarlat" soit pas mal aussi, mais à des bornes de leur sortie de 2008.