Après "Pessimiste(s)", "Nihiliste(s)" et "Misanthrope(s)" (tout cet acide en 3 ans), CELESTE pousse la note un peu plus loin en ce début 2010 avec "Morte(s) Née(s)", comme si ses titres d'album (en passant, ils sont tous gratuits sur le web, j'y comprends strictement rien à rien) avaient été choisis pour exprimer une quelconque gradation. Une gradation d'audace, de grossièretés, de violence brute, d'asphyxie musicale. Y aura-t-il pire que mourir avant même d'avoir pu pleurer une seule fois ?

Et que dire des morceaux ? Seulement sept cette fois, mais avec une tuile de 13 minutes à la fin (dont la moitié est inutile si vous voulez mon humble et cinglant avis). Des poèmes comme "Il y a bien des porcs que ça ferait bander de t'étouffer", "Un miroir pur qui te rend misérable" ou "De sorte que plus jamais un instant ne soit magique", de purs moments de folie jouissive pour quelconque a une coche mal taillée dans le ciboulot. Oh oui, les jeunes parents ou mariés qui liront ces lignes trouveront leur bonheur absurde à côté d'autant d'excentricité mal placée de la part des Lyonnais. Mais devinez quoi ? Ils n'en ont rien à foutre. Et c'est encore par l'image de la femme souillée et meurtrie que les Français passent le rouleau compresseur.

Oui, j'ose accoler « Black Metal » à côté de Post-Harcore cette fois. Car moi non plus, j'en ai rien à foutre si vous n'êtes pas d'accord, alors là, vraiment rien à foutre. Je me laisse envahir par cette négativité relative, ce nihilisme ambiant que cultivent ces quatre hyènes. Pas que je sois en furie contre vous ou que je ne vous aime pas (pire, que je crois que vous soyez tous des anti-CELESTE), mais après maintes réflexions (les plus assidus de NIME se rappelleront que j'avais catégorisé CELESTE en tant que groupe Black Metal au début avant de changer d'avis pour du Postcore), je me dois de rendre à CELESTE ce qui lui revient : les Français sont de putain de malades, des anarchiques de la première espèce. Autant musicalement que textuellement. Alors oui, je leur fourre cet attribut repoussant de Black métalleux et j'en viens à penser que le Post est peut-être devenu bancal…

Et je ne suis pas le seul à le croire. Plusieurs, les détracteurs ou ceux qui n'en ont rien à battre du quatuor, qualifient bêtement CELESTE de Hardcore. Pourquoi ? Parce qu'ils sont largués. Ils ne pigent pas la teneur en survoltage et en attaques gratuites que ces petits démons déchargent de leur âme dantesque (synonyme poli d'« atroce »). Je me permets ces gratuités parce que je suis le groupe à la trace depuis ses débuts et que je suis bluffé à chaque saloperie de fois, même si celui-ci ne se différencie pas nécessairement des autres (à part avec les instrumentales et une légère augmentation de l'intensité globale). Je suis évidemment conquis par la démarche du groupe, j'aime la densité de ce son amené surtout par la saturation des guitares, les cymbales, la voix ignoble/charmante de Guillaume (il n'a pas reçu de nom de famille, à l'instar de ses trois acolytes) et le mid-tempo éreintant (bonjour le Post).

J'espère que vous n'êtes pas des néophytes de CELESTE, car en ce moment même, vous devez être en train de vous gratter la tête comme des cons et des connes. Les habitués savent dans quel brouillard je me faufile et les autres… ben, je vous envie. Car vous découvrirez enfin ce qu'est le mal-être (encore tapissé d'un bout à l'autre de la galette rance), ce qu'est l'étouffement non-Dronesque et non-Doomesque. Oh oui, ça change. Pas que CELESTE ne soit jamais Doom ni Drone ni dépressif, au contraire, mais ne tentons pas de nous égarer plus qu'il le faut, le régisseur a un plateau à faire tourner.

Donc voilà, pour les nouveaux, CELESTE poursuit inlassablement sa route de destruction psychologique avec "Morte(s) Née(s)", une musique difficile à décrire mais facile à haïr. Inutile de vous préparer mentalement, rien ne peut paver la voie à une telle débâcle de furie, de propos incendiaires ou de misanthropie suraiguë. Suffit de se laisser bercer agressivement et de décortiquer un tant soit peu ces riffs et rythmiques nerveux, roulant sur les tympans comme des porcs-épics bioniques (pas le Belge cinglé, vous z'inquiétez pas…).

Y a bien "Un miroir pur qui te rend misérable" qui me botte plus que le reste, mais en fan de CELESTE, j'ai abordé ce skeud de la même façon que les autres : avec un relâchement total. De sorte que je suis resté sur ma faim, car la formule on gratte et on choque à outrance commence à faire du sur-place. Mais chiennerie que c'est bon cette surabondance d'extrémisme. J'adore. Je suis devenu comme Volthord avec FINNTROLL. Un problème ?

Peu importe, ceux qui en ont encore rien à foutre, ben passez votre chemin !

Note : 3,5/5.