Quid de VREDEHAMMER ?

Du Black/Death d'une grande férocité, mais qui descend curieusement bien, tel un stout impérial avec un fro' cendré.

Après avoir remis le couvert il y a quatre ans pour endormir le homard avec ses vapeurs s'échappant du Phlégéthon (les cuistots ne pourront pas dire que je ne pense pas à eux…), le Norvégien Per Valla ressort les couteaux et les aiguise tranquillement en vous toisant dangereusement !

Tout son bouzin se rapproche toujours un brin d'un KEEP OF KALESSIN des belles années, à condition de laisser Homère aux oubliettes et de le remplacer par une légion de démons assoiffés de plasma. VREDEHAMMER demeure charbonné jusqu'aux entrailles, une machine à broyer les os et la ferraille, un détrousseur de quiétude qui vous achève la charpente style Kratos dans GOW.

Le plus beau, c'est que plus Valla vieillit, plus sa recette empoisonnée coche toutes les cases. Les prémices de VREDEHAMMER étaient sans équivoque, notamment sur un "Violator" qui a mis presque tout le monde d'accord avec une balance précoce entre la fureur grondant dans ses tripes volcaniques, les tabasseries sauvages aux fûts et les incartades mélodico/atmosphériques disséminées sans écœurer. "Viperous" a confirmé le statut de bonze du Black/Death atmo de Valla, en nous laissant quelques fenêtres ouvertes sur de brillantes et obscures perspectives…

"God Slayer" est la réponse attendue. Plus lourd, plus varié, plus exubérant, plus FUN, plus accrocheur et parfaitement ramassé ; en 38 minutes, Valla souffle sur le monde du Metal extrême en n'abandonnant que de la moelle brûlée et des tendons danser au vent. Boom ! Son adresse aux cordes et sa gorge cracheuse de feu vous annihilent en vous faisant sourire ! Cette démolition est accomplie avec classe en plus, Valla multipliant les riffs mortels et les lignes de basse catchy, sous les assauts répétés de Dominator, dont le jeu cadre à merveille dans cet univers à l'envers.

Putain, impossible de ne pas relever les riffs pachy' du déclencheur, "From The Abyss", la trame stressante de "The Joker", la construction épique de la pièce-titre et son bridge phosphorescent, la morsure mélodieuse du mid-tempo "The Dragons Burn", la cavalcade très KALESSIenne "Blood Of Wolves", l'inquiétante toile de brume recouvrant la martiale "Death Becomes The New Day", les accents Indus bien à propos de "Product Human Slave" et la finale casseuse de dents, "Obliterator" ! Certains auraient sûrement préféré un épilogue moins direct, plus aérien… Je pense tout de même que les derniers soubresauts de "Obliterator" sont dignes de l'esprit délirant de ce "God Slayer", dont l'équilibre dans la tourmente est surprenant.

Per Valla est un artiste qui apprend rapidement. Il n'a pas fait une chiée d'erreurs depuis son apparition, aussi a-t-il pu se permettre avec ses troisième et quatrième albums de serrer les bons écrous pour solidifier sa carapace en titane. "God Slayer" est une réussite quasi-totale, au même titre que "Viperous". Du Black/Death corrosif, brutal et entraînant à la fois, parlez-moi d'une formule magique…

Pas de Sélection. Pas besoin. VREDEHAMMER règne désormais sur un sous-genre qui avait bien besoin de renouveau, comme tous les styles à un moment, n'est-ce pas ?

Note réelle : 4.5/5.

Podium : (or) "God Slayer", (argent), "The Joker" (bronze) "Death Becomes The New Day".

Indice de violence : 3,5/5.