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CELESTE - Infidele(s) (2017)
Par KOL le 7 Novembre 2022          Consultée 708 fois

Vaste sujet que celui de la relation fusionnelle entre images, mots et sons. Les textes nus suscitent l’imagination, mais peuvent également être illustrées, que ce soit par la musique ou par le visuel. Et inversement, même si cela peut paraître moins évident… J’ai longtemps cherché à établir un point de référence pertinent pour décrire les sentiments que m’inspire la musique de CELESTE, que celui-ci soit littéraire ou cinématographique. Et trouver une comparaison qui rende justice à la dramaturgie ourdie par les Lyonnais est loin d’être chose aisée. Il m’aura ainsi fallu trois albums chroniqués pour, je crois, avoir fini par mettre la main sur la perle rare. Des limbes aussi déchirées que celles proposées depuis quinze ans par le groupe, seul le grand Hubert Selby Jr. me semble digne.

Auteur de chefs d’œuvre absolument désespérés dans les années 60 et 70, tels que "Le Démon", "Last Exit To Brooklyn" ou "Return To Brooklyn", l’écrivain a même connu le luxe de se voir adapter avec réussite au cinéma pour les deux derniers : celui d’Uli Edel, nommé comme le roman, et surtout le magistral "Requiem For A Dream". Si ces monuments évoquent quelque chose pour vous, CELESTE en serait une bande-son plus qu’appropriée, même si celle du fim de Darren Aronofky, composée par Clint Mansell, est assez excellente je dois bien en convenir. D’une noirceur sans égal, Selby n’a pas grande foi en l’humanité, ce n’est rien de le dire.

Soyons d’emblée très clairs, "Infidèle(s)" ne fait nullement tâche dans la discographie des Français. La recette consciencieusement élaborée depuis les deux derniers LPs (et notamment un fameux "Animale(s)") reste dans l’ensemble de mise. Leur marque de fabrique réside bien en ce mur de son épais et sale, suintant la haine à grosses gouttes bileuses. De celui-ci émergent les textes hurlés comme si sa vie en dépendait par Johan, tels les rayons rouges qui transpercent l’obscurité et le brouillard de leur scénographie live. Les paroles n’ont d’ailleurs jamais été aussi intelligibles, démonstration d’une volonté de rendre le message plus accessible que jamais. Pour le coup, je pense qu’on avait tous bien compris depuis longtemps, mais l’effort reste à saluer.

Comme à son habitude, CELESTE nous offre également un instrumental de très grande qualité, avec "(I)". La formation sait vraiment y faire en la matière, tant je peine à me souvenir d’un essai ne serait-ce que moyen. Il s’agit généralement d’apporter un brin de lumière (cela reste relatif) dans les ténèbres, et "(I)" ne déroge pas à la règle une fois de plus. Indispensable respiration, avant de replonger vers les tréfonds de la nature humaine.

Découvrir un nouvel opus des Rhodaniens, c’est aussi rechercher les évolutions, minimes en surface, mais bien réelles si l’on creuse quelque peu. "Comme Des Amants En Reflet" propose en ce sens quelques timides indications. Plus lent, mais aussi légèrement plus groovy et quelque part déjà GOJIResque avant l’heure, le morceau met une bonne claque, d’autant qu’il est suivi par "Tes Amours Noirs Illusoires", bijou mélancolique et l’un des sommets de cette cuvée 2017. Ce (léger) parallèle avec les Landais sera un filon que le groupe exploitera d’ailleurs plus encore sur "Assassine(s)", cinq ans plus tard.

Non, vraiment, "Infidèle(s)" est à la hauteur de l’histoire du combo. Le souci réside plutôt dans la reproduction très fidèle de la formule, année après année. Les évolutions sont en effet trop peu marquées sur cette cuvée à mon goût. Cet aspect immuable de la formation constitue indubitablement son identité, mais se retourne ici à mon sens contre son créateur, à l’instar du mythe du monstre de Frankenstein, tel que façonné par Mary Shelley. Alors que l’opus suivant enfoncera le clou côté groove, le précédent possédait un certain charme Doom Sludgy du plus bel effet. Ici, on navigue en permanence entre ces deux eaux marécageuses, sans jamais réellement pouvoir déterminer quel a été le parti-pris retenu, ce qui finit par conférer une dimension générique à l’œuvre. Oui, c’est bien du CELESTE, mais ce n’est « que » du CELESTE si je puis me permettre. C’est à la fois beaucoup et trop peu pour que je m’enthousiasme plus que de raison.

Nous ne sommes pas moins en présence d’un très bon disque dans l’absolu, toujours aussi authentique, passionné, chargé en pessimisme, voire en dégoût. Cet album retourne, pas seulement l’estomac mais aussi l’esprit. Quand on demandait à Hubert Selby Jr. de décrire son travail, celui-ci répondait spontanément qu’il ne faisait que narrer « les horreurs d’une vie sans amour ». Force est de constater que CELESTE pousse le curseur un cran plus loin encore, ce qui n’a rien d’une gageure lorsqu’on est familier avec l’œuvre de l’auteur.

Note : 3,5/5, arrondi à l’inférieur pour le coup.

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- Johan Giradeau (basse, chant)
- Sébastien Ducotté (guitare)
- Guillaume Rieth (guitare)
- Antoine Royer (batterie)


1. Cette Chute Brutale
2. Comme Des Amants En Reflet
3. Tes Amours Noirs Illusoires
4. Sombres Sont Tes Déboires
5. À La Gloire Du Néant
6. Sotte, Sans Devenir
7. (i)
8. Entre Deux Vagues
9. De L’ivresse Au Dégoût
10. Sans Cœur Et Sans Corps



             



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