Le tant attendu premier véritable album solo de SLASH déboule en ce printemps 2010. Nous ne reviendrons pas sur les déboires et les limites des groupes dans lesquels a officié le bonhomme (GUNS N’ROSES, VELVET REVOLVER et SLASH’S SNAKEPIT). Pourtant notre "guitar hero" contemporain fait partie de ceux qu’il est inutile de présenter. Son jeu de guitare ciselé et son look font de lui un personnage inimitable et facilement reconnaissable. Il est aussi un redoutable requin de studio dont les plus grands artistes se sont appropriés le talent (MICHAEL JACKSON, LENNY KRAVITZ, IGGY POP, RAY CHARLES…). Autant dire que certaines digressions "pop" de ce disque n’étonneront personne. Le concept est simple. C’est un disque de potes sur lequel chaque titre voit l’apparition d’un invité. Rien d’original dans cette démarche puisque Toni IOMMI (BLACK SABBATH, HEAVEN AND HELL) s’y était déjà illustré. A moins d’un coup de génie, ce disque se doit d’être un "fourre-tout" aux allures de grosse compil' puisqu’il s’agit du défaut imparable de ce genre d’exercice de style. Bien au-delà des qualités de composition que peuvent révéler chaque titre. Et pour donner plus de corps au projet, George Marino (ACDC, AEROSMITH…), l’ingé son historique des GN’R, s’est occupé du mastering. Pour faire court et malgré son indéniable talent, il ne saurait à lui seul palier à l’alchimie unique que fut celle du dernier Grand Groupe de Hard Rock. La production de la galette est assurée quant à elle avec brio par Eric Valentine (QUEENS OF THE STONE AGE, THE LOSTPROPHETS).

L’entrée en matière se fait de manière traditionnelle avec "Ghost", Ian Atsburry (THE CULT) s’adjoint les services d’Izzy Stradlin pour un résultat lorgnant sans équivoque sur le territoire de ce que le "frontman" produit avec son groupe, dansant et envoûtant. Le solo de guitare est efficace, Slash est en grande forme. Il réussit même à tirer le meilleur de papy Zombie Osbourne, convenu mais carré, "Crucify The Dead" réserve quelques grandes parties de guitare. La participation de Fergie (BLACK EYED PEAS), seule femme présente sur ce disque, est une merveille. Véritablement originale, l’univers des deux artistes se complète de façon forte séduisante. Quelques touches électro émaillent "Beautiful Dangerous", nous touchons de près de ce qu’ont pu produire de mieux les GUNS N’ ROSES ou le VELVET REVOLVER.

Myles Kennedy du groupe ALTER BRIDGE est le seul petit chanceux à poser sa voix sur cet éponyme. Selon la rumeur, il pourrait être également l’hypotétique chanteur du retour du VELVET REVOLVER. "Back From Cali" calme le jeu et propose une ritournelle teintée de southern rock. Bon feeling et jolie mélodie mais pas de quoi se relever la nuit. Cependant, pour l’anecdote, ce titre ne s’est retrouvé qu’au dernier moment sur la galette et aurait pu ne jamais y figurer. Chris Cornell ne fera jamais aussi bien qu’avec Kim Thayil, les efforts déployés avec "Promise" restent sans relief ni émotions. Andrew Stockdale (WOLFMOTHER), appliqué à singer les grands groupes de Rock des 70’s ne déroge pas à la règle, cette fois, c’est du LED ZEPPELIN pur jus. L’exercice démontre que le jeu de SLASH vaut celui de Jimmy Page. C’est d’ailleurs lui qu’il aurait fallu inviter !!! Le résultat est bon, un des meilleurs du disque. Chansonnette californienne, "Gotten", emmenée par Adam Levine (MAROON 5), est un remplissage sirupeux qui n’a pas sa place dans nos colonnes.
Lemmy quant à lui ne surprend pas non plus mais s’affranchit de son "featuring" dans une veine évidemment rock’n roll. S’il devait y avoir une caution, ce serait celle-la. L’instrumental suivant, "Watch This", tenu par Dave Grohl (THEM CROOKED VULTURES, NIRVANA) et Duff Mckagan est une autre des réussites de ce disque, la somme des talents en présence fait des merveilles. Dommage que le blond bassiste n’ait pas réussi à placer une des petites bombes punk rock dont il a le secret. La prestation de KID ROCK sur la ballade southern "I Hold On" est ultra mâchée et insupportable, seul Slash sauve le morceau avec un solo au feeling parfait. Attention niaiserie absolue avec le chanteur d’AVENGED SEVENFOLD et son "Nothing To Say" au refrain décérébré. Qu’on se le dise, le jeu de SLASH ne colle pas au Metal et la pluie de notes qu’il sert relève plus de la démonstration qu’autre chose. Le retour de Myles Kennedy n’offre rien de bon, ça pleure et ça n’a rien à faire ici non plus. Idem pour le titre suivant interprété en compagnie de Rocco DeLuca. Dans un esprit de tradition Rock 70’s, Iggy Pop occupe la dernière place de l’édition normale. "We're All Gonna Die" laisse froid malgré la personnalité hautement sympathique du chanteur. Pourtant, beaucoup auraient aimé adorer cette nouvelle rencontre.

Disséminé aux quatre coins du monde, l’album contient en fonction des continents des titres bonus différents. Le plus GUNS N’ ROSES de tous étant celui tenu par Alice COOPER, Nicole Scherzinger, Steven Aadler et FLEA sur "Baby Can't Drive". Nous trouvons aussi sur ces perles qui raviront les collectionneurs "Chains And Shackles", le titre le plus violent et malsain de tous avec l’ami Nick Oliveri. Et bien entendu, la génialissime reprise de "Paradise City" avec Fergie ainsi que B Real et Sen Dog de CYPRESS HILL. Aux dernières nouvelles, des problèmes de droits semblent se poser. Rassurons-nous, cette version reste écoutable en toute légalité sur le net même si elle n’atterrit sur aucun support.

Au final, rien de neuf. Mais pourquoi bouder son plaisir ? SLASH ne nous avait vraiment rien servi de bon depuis trop longtemps. Alors, oui, ce disque est bancal mais reste également très écoutable. L’alchimie n’est toujours pas au rendez-vous mais la passion y est ; intacte.