Je n'aurais cesse de le répéter, et ça finira par en devenir pénible. Sünder Ohne Zügel était une tarte sur la joue gauche. Le genre qui laisse une trace au marqueur. Modernité bourrine versus folk médiéval, anachronisme assuré qui donnait lieu à une bastonnade de contrastes.

Puis IN EXTREMO a servi ensuite son Sieben en demi-teinte (voir en tiers de teinte), puis un Mein Rasend Herz à l'instrumentation variée mais ne regorgeant pas de compositions dantesques, album qui aurait dû être le second album quasi-parfait du groupe, mais a fini par m'imposer cette conclusion qui me pendait au nez depuis que je connais le groupe : IN EXTREMO est un professionnel de la reprise folk, mais pas (ou trop peu souvent) un prodige. Il adapte « bien », mais transcende rarement.

Pour Sängerkrieg, nos teutons ont pris un grand bol d'air, se sont résolus à rester égaux à eux-mêmes, et nous sortent un album moins folk et moins metal à la fois, sans rien perdre au change. IN EXTREMO est légèrement plus groovy, comme l'ouverture de l'album « 7 Köche » tend à le signaler. Du carré, épuré et accrocheur.

Rien de dantesque...mais j'y viens.

Dans ce nouvel album, la perle du lot est une ballade : « Tanz Mit Mir » s'éveille sur un air à mi-tempo, la rocaille de la voix de Lezte Einhorn lissé par une intonation très légèrement peinée... l'effet est à peu près aussi étonnant qu'avec le « Ohne Dich » de RAMMSTEIN...jusqu'à une montée folk si bien sentie que je ne peux encore une fois qu'applaudir le professionnalisme du groupe.
« Aufs Lebe » récidive ainsi que le grandiose « Mein Liebster Feind », avec un Lezte Einhorn d'une rare crédibilité dans son rôle de brute un peu triste. La force de l'album est définitivement dans ce fond mélancolique accompagné si étrangement par une batterie et une basse bien rock'n'roll (ouais...).

Dommage que le Dr Pymonte face sa sieste dans un coin, et ne touche sa harpe qu'à de rares instants, élément que j'attends toujours de retrouver dans un album d'IN EXTREMO. C'est finalement le seul « problème » que je peux voir dans Sängerkrieg, qui, il faut bien l'avouer, est d'un confort absolu.

On tient un peu l'album qui ne fâche personne, assez varié pour s'écouter en entier, avec une seule petite prise de risque plutôt forée (la reprise de « An End Has A Start » du groupe EDITORS), et une poignée de titres émotifs révélant le groupe sous un jour qu'on languissait de voir. Du IN EXTREMO, en pleine forme, frais et inspiré, mais qui ne tabasse toujours pas cette joue droite que je tends depuis un moment déjà. Le 3/5 est forcément un peu sévère... mais qui sait, peut-être que Sängerkrieg s'améliorera avec le temps.

(Et puis vivement que le groupe passe vers chez nous, je suis à peu près persuadé que tout prendrait bien plus de sens dans la performance scénique du groupe.)