Après avoir atteint leur aboutissement musical, et du coup posé les bases du folk metal, les incontestables rois du metal celtique se devaient d'enfoncer le clou, en réitérant l'exploit du cultissime "The Silent Whales Of Lunar Sea", chose qu'ils avaient plus-ou-moins raté avec l'opus précédent, "Irrational Anthems", et ce bien malgré le tubesque "Inequality Street". Le groupe, décidément sur un élan de créativité sans précédent nous sort donc un deuxième album en 1996, histoire de se faire pardonner leur précédente offrande, un peu décevante en comparaison avec "The Silent Whales..." (du moins selon moi). "Oui avant-garde a chance", traduction francophile (très) foireuse de l'expression "We haven't got a chance" se veut donc dans la lignée directe de ses prédécesseurs, album à saveur folklorique de qualité sous-estimée, masquée par un titre de (très) mauvais goût (ah l'humour anglais!). Mais même si cet album est passé plutôt inaperçu, chose probablement due à l'absence de single ou de vidéo, il n'en est pas pour autant une mauvaise plaisanterie.

Avec une musique plus douce, et un côté folk plus que jamais exacerbé, le groupe tente avec ce skeud de nous en mettre plein la gueule. Chose plutôt réussie dans les circonstances, puisque je ne m'attendais pas à une oeuvre aussi inspirante de la part de SKYCLAD. Maîtrisant désormais pleinement leur style, les musiciens peuvent à souhaits se permettre d'expérimenter un peu plus, de varier les plaisirs même. Quasiment exempt de morceaux metal à proprement parler, cet album se veut différent de tout ce que le groupe a fait d'autre. Vous comprendrez donc qu'avec "Oui avant-garde a chance", on est à des années lumières du pseudo-thrash des débuts. Sur les 12 présents sur l'album, il est à noter que seuls les 8 premiers sont des compositions originales, le reste étant des remixes et des reprises, d'intérêt moindre, du moins à mes oreilles.

Assez de bla bla, parlons un peu de ces morceaux. Dès la première note, on ressent déjà que cet album est différent de ce que le groupe nous a offert précédemment. Les premiers morceaux, principalement "Great Blow For A Day Job" sont purement folkloriques, avec instruments traditionnels complètement à l'avant, sans aucune guitare électrique. Rappelant quasiment la musique nasillarde des vieux pubs britanniques, le groupe reste toutefois facilement reconnaissable, peut-être à cause de la voix caractéristique de son emblématique chanteur. Visiblement exempte de toute ambition commerciale, cette oeuvre se veut extrêmement libre, sans aucune frontière. Et vous vous en rendrez bien vite compte à l'écoute de "Bombjour!" (autre jeu de mot nul) ou alors "A Badtime Story", tous deux à l'atmosphère détendue, à l'image de cet unique album. En somme on a droit à un feeling très folklorique, très pub, c'est le moins qu'on puisse dire, qui je l'avoue m'a beaucoup plu. Il ne plaira toutefois probablement pas à ceux qui n'aimaient que le côté metal de SKYCLAD. Mais rassurez-vous, comme je l'ai cité plutôt, cet album est unique en son genre.

Troquer guitares électriques pour violon, mandoline et bien entendu beaucoup de guitare acoustique, fut sans doute la meilleure idée qu'eurent SKYCLAD. Cet album, bien qu'il soit un peu court et épuré est un réel rafraîchissement pour tous ceux qui comme moi trouvaient que la musique du groupe commençait à dangereusement stagner. Passage obligé pour un groupe qui doit constamment vivre avec la dualité sans borne qui existe entre les deux genres qu'il prêche. Seule tare de cet album: il est un peu trop court, si on exclut les reprises et les remixes du nombre.