Si vous deviez retenir UNE seule assertion concernant SKYCLAD, ce serait : « SKYCLAD est un groupe de Folk Metal à nuances ». J’en connais plus d’un qui vont briller dans les soirées de gala avec cette petite phrase.

Plus sérieusement, SKYCLAD est un groupe qui a réussi à donner à sa discographie une coloration particulière. Une identité à la fois cohérente et diversifiée à chacun de ses albums. Tous les albums du groupe s’imbriquent logiquement les uns dans les autres, comme des frangins qu’on aurait alignés les uns contre les autres. Avec ce je-ne-sais-quoi de commun entre eux.

Ce quelque chose d’indicible qui unit chacun des albums, c’est cette volonté du groupe de conjuguer Folk et Metal.

Comprendre SKYCLAD c’est avant tout comprendre le dosage selon les albums, ces fameuses nuances entre les albums.


Allez hop je me fends d’un petit récapitulatif discographique, comme ça si vous avez manqué le début :

· Wayward + Burnt Offering (les deux premiers SKYCLAD) = Thrash teinté Folk
· Jonah’s Ark = Folk teinté Heavy
· Prince = Heavy teinté Folk
· Silent Whales = Heavy-Folk mélodique

Et pour ce 6ème album, quelle nuance SKYCLAD a souhaité nous proposer ?
Comment ont-ils dosé la recette ce coup là ?

La réponse tient en un mot : pot-pourri (j’avais aussi pensé à « fourre-tout » pour ne rien vous cacher). Irrational Anthems est donc un album récapitulatif des précédents. On y retrouve toutes les facettes que le groupe a successivement abordées, avec cependant un dénominateur commun : c’est moins « Metal ».

L’ensemble se veut plus gai – presque festif. On abandonne les sentiers plus sombres que le groupe a précédemment emprunté pour tendre vers une irrésistible sensation de légèreté (Cf. « Penny Dreadful »). Irrational Anthems semble de ce fait gonflé d’espoirs, bourré d’émotions et d’ondes positives. On joue davantage sur la carte du Sentiment que sur les riffs purs et durs. « The Spiral Staircase » résonne et c’est la nature qui s’éveille. L’espace d’un instant, on se prend à rêver de courir nu dans la forêt entouré de gentils lapins et de papillons multicolores.

Les violons sont bien évidemment les grands gagnants de cette redistribution des rôles. Plus qu’un simple renfort (comme souvent sur les précédents), ils pleurent et surenchérissent sur les guitares. Toujours dans cette dynamique, un effort particulier a été apporté aux refrains et couplets pour rendre le tout à la fois mémorisable et le plus accrocheur possible. Pas de trucs compliqués ni de zigouigouis.

Voilà voilà. C’est le moment où je dois commencer à envisager de conclure ma kro. Et c’est pas simple parce qu’il y a du pour et du contre.

D’un côté, on ne peut nier que les compos et l’inspiration sont au rendez-vous comme toujours chez SKYCLAD. De l’autre, force est de reconnaître que l’ensemble est un peu « gentillet »… pour ne pas dire « cul cul la praline ». Ca manque à mon goût d’un peu de sueur et d’agressivité. La tendance « festive » de l’album est loin d’être inintéressante, mais je lui préfère les dosages et nuances des précédents albums. Voilà, je l’ai dit.


Alors rassurez-vous, je ne vais pas non plus saquer Irrational Anthems parce que la qualité est là. Parce que cette invitation au voyage plaira davantage à d’autres. Parce que cette insouciance qui plâne tout le long de l’album est suffisamment rare en Metal pour qu’on la tacle sans raison.


Note : un gros 3/5


Morceau préféré du Canard : No Deposit, no Return
Morceau représentatif : Inequality Street
La bonne conclusion : Quantity Time
L’acoustique qui surprend : Sabre Dance
Beurk : Science never sleeps