Putain, on y a échappé en 2006. C'te soulagement, j'te dis pas. Enfin le voilà quand même, le nouveau GRAVELAND, 158ème du nom. A une époque, la plupart des artistes s'efforçaient de sortir un album par an, afin de ne pas se faire oublier d'un auditoire toujours volatile. Aujourd'hui, ce rythme de parution est devenu suspect. Et quand on connaît le potentiel évolutif d'un orchestre tel que GRAVELAND, la suspicion devient angoisse chez le chroniqueur en mal d'arguments. A coup sûr, j'ai même déjà du dire cela dans un précédent article sur Rob Darken et…euh non, le mec est tout seul depuis un bail en fait.

"Will Stronger Than Death" donc. Bras toujours tendu, poitrine en avant, armure polie, la pochette est cette fois-ci signée par un certain Eelco. Vous avez peut-être déjà remarqué à quel point je lutte pour discuter d'une galette qu'il ne m'a pas fallu écouter longtemps avant d'en comprendre tous les détails. Un peu paresseux, direz-vous. Pas très sérieux non plus, je l'admets et c'est peut-être la raison qui m'a poussé à lire sur Internet les diverses chroniques se chargeant de disséquer ce nouvel ouvrage. Sauf que voilà, il n'y a vraiment pas grand-chose. Un truc en Allemand que je comprends à moitié, un autre en Anglais qui dit que GRAVELAND, c'est toujours pareil depuis "Thousand Swords". Très exagéré, je situerais personnellement le début de la stagnation artistique grosso modo à "Immortal Pride" qui marquait la victoire finale des synthés sur les guitares. Depuis, les cordes électriques ont repris des couleurs mais le climat a terriblement gagné en monotonie. Et "Fire Chariot Of Destruction", vraie réussite si on l'extirpe d'une discographie mille fois trop féconde, a finalement pâti d'un trop plein de similitudes avec des ouvrages passés trop identiques et trop écoutés.
Et James Montague (à qui je fais au passage un bisou sur le ventre), éminent spécialiste du son polonais, n'a pas encore pissé une seule ligne sur "Will Stronger Than Death", je déclare donc forfait. Je suis trop seul, j'ai perdu tout mon vocabulaire, toute capacité d'analyse. Alors, si vraiment, vous souhaitez savoir de quoi se constitue cet opus, relisez donc quelques chroniques des dernières sorties du guerrier slave, remuez le tout et vous connaîtrez tout.

Un petit mot sur la production tout de même. Aussi parfaite que détestable. Une impression de bulldozer, incapable de laisser respirer le moindre instrument, tous (y compris ces chœurs toujours aussi présents) gardant comme une espèce de retrait destiné à mettre en relief la puissance belliciste et conquérante, destinée à marquer la supériorité de la masse militaire sur le héros solitaire. Même le chant se trouve plus effacé qu'à son habitude.

Contrairement au cru 2005, les compositions se ressemblent ici un peu toutes et cette martialité languissante, qui est depuis toujours le principal trait de caractère du pape de la scène black polonaise, hypnotise un chouilla moins que sur l'exercice précédent. Enfin tout cela n'est pas très important. Celui qui a toujours aimé GRAVELAND et dont j'admire la capacité à lutter contre le phénomène de lassitude sera satisfait de l'offrande, tous les autres n'en auront rien à foutre.
Allez, do zobaczenia wkrótce (en 2008, certainement)!