L'effondrement du bloc communiste il y a un peu plus de 15 ans correspond dans un autre domaine à la période où le death metal prenait son envol. A la charnière des années 80/90, quelle musique pouvait le mieux combler les attentes et illustrer la rage et les frustrations d'une jeunesse opprimée et baillonnée pendant des années ? C'est ainsi que dans les pays d'Europe de l'est et plus particulièrement en Pologne, les groupes de death metal ont pris leur envol à leur façon, s'avérant ainsi être les meilleurs compétiteurs en Europe d'une scène suédoise florissante. VADER est un groupe qui a profité derechef de cet état de fait pour s'imposer à la pointe du death metal polonais (pollak death metal ?) en nous délivrant des opus mémorables pendant des années. On pourrait citer The Ultimate Incantation (1993), Litany (2000), The Beast (2004) et bien d'autres.

2006 a vu d'anciens combos de death metal sortir d'excellents albums (DISMEMBER, GRAVE ...) et apparemment VADER a aussi le vent en poupe avec ce Impressions In Blood où se cotoient death old school, violence et maîtrise. VADER nous donne ici encore une leçon de death metal pas piquée des vers avec 11 titres qui n'ont pour d'autre but que de nous saigner à blanc. J'ai choisi de mettre avant tout le focus sur cette rythmique particulièrement vorace : ces breaks bien agencés qui arrivent sans prévenir et qui font froid dans le dos, ces rythmiques lourdes et saccadées qui tranchent ainsi avec d'autres carrément bourrines ... mais toujours maîtrisées de main de fer par le cogneur en chef, j'ai nommé Daray. Excitant. Ecoutez donc un peu les terriblements violents "ShadowsFear", "Warlords" où vous êtes passés par les armes où ce grand moment qu'est "Helleluyah!!! (God is Dead)" au refrain de psychopathe (grand moment du disque) pour vous en persuader.

A côté de ça, ce qui fait la force de VADER par rapport à d'autres groupes estampillés "brutal death" (je trouve pourtant qu'il y a largement plus brutal et inaudible que VADER, aussi ai-je du mal à lui apposer cette étiquette), c'est cette propension à rajouter des passages mélodiques (sur des tempos lourds la plupart du temps) et des soli dévastateurs à la SLAYER. Des bribes de thrash énergique au milieu de cette déferlante volcanique en somme. L'exemple le plus frappant de ces vélleités plus mélodiques est "Predator" : lourd, oppressant et plus lent, ce titre possède des soli splendides et s'articule autour de cette double pédale lancinante. Un passage lourd que l'on peut retrouver aussi sur le final "The Book". Vous ajoutez à celà des passages symphoniques pour donner de la majesté à l'ensemble et aérer le tout (le premier morceau instrumental introductif "Between Day And Night" qui ne dépareillerait pas sur un DIMMU BORGIR, les introductions de "Helleluyah!!! (God is Dead)", "Predator" et de "The Book" et vous obtenez un disque de death metal de tradition où l'on ne s'ennuie pas une seule seconde. Rien que d'imaginer ce que peut donner de tels titres en live, ça fait saliver.

Donc, n'oubliez pas la prochaine fois de mettre dans votre panier ce dernier skeud des polonais qui n'ont décidément pas fini de nous prendre par surprise. Pour la dégustation, sachez que des dates françaises sont prévues en ce début octobre 2006 avec GOD DETHRONED, SARDONIC et SEVERE TORTURE (le 03/10/2006 à La Loco de Paris) avant que le groupe ne continue son périple européen en novembre en compagnie de BLOODTHORN et NIGHTRAGE.